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et lui offrirent la remise de la place, à condition qu’ils pourraient joindre Kienmayer, prendre part à ses opérations. Si on refusait une demande qui leur paraissait naturelle, ils étaient décidés à s’ensevelir sous les murs de la ville, à ne plus faire d’ouvertures comme à n’en pas recevoir. Ney n’essaya pas d’interrompre le prince. Il honorait sa personne, respectait son malheur ; mais, dans l’état des choses, semblables termes étaient inadmissibles : il ne lui dissimula pas qu’il fallait que l’armée autrichienne subît sa destinée. Lichtenstein reporta ces tristes nouvelles à Ulm. Les généraux s’assemblèrent et résolurent d’essayer si la constance du maréchal tiendrait devant un dernier effort. Ils prirent une délibération ainsi conçue : « La garnison d’Ulm, voyant à regret que les conditions équitables qu’elle s’était crue en droit de demander à juste titre à son Excellence le maréchal Neu n’ont pas été acceptées, est fermement décidée à attendre le sort de la guerre.

« Le comte GIULAY, lieut.-gén.
« LOUDON, lieut.-gén.
« Le comte RIESCH, lieut.-gén.

« Ulm, le 16 octobre 1805.

« La résolution était digne de ceux qui l’avaient prise ; mais que sert le courage quand il n’est pas secondé par la fortune ? Ulm était sans magasins, nous occupions les hauteurs qui dominent la place. L’armée autrichienne subit la loi de la nécessité : trente-trois mille hommes, dont la plupart avaient assisté à d’honorables combats, défilèrent tristement devant les bataillons qui les avaient vaincus, et nous livrèrent leurs armes, leurs drapeaux. Le 6e corps les avait battus dans six rencontres consécutives : il les avait défaits à Guntzbourg, à Haslach, à Elchingen, à Albeck, au Michelsberg ; il leur avait fait quatorze mille prisonniers, enlevé une artillerie nombreuse, pris dix drapeaux. Le combat de Wertingen, la capitulation de Memmingen étaient les seules actions dont il ne pût revendiquer la gloire ; toutes les autres étaient son ouvrage. L’Empereur voulut honorer sa constance, sa bravoure. Il lui décerna la place d’honneur dans cette grande cérémonie, et chargea le maréchal Ney de prendre possession de la place que nous abandonnaient les vaincus. »

La capitulation d’Ulm ne fut que le prélude d’Austerlitz. Pendant que Napoléon frappait ce grand coup, Ney, détaché vers le Tyrol avec la droite de la grande armée, terminait la campagne en chassant du Tyrol l’archiduc Jean, en s’emparant d’Inspruck et de la Carinthie.

Bientôt s’ouvrit la campagne de Prusse.

Ney fut surnommé le Brave des braves après la bataille d’Iéna. Il battit en Espagne le général Wilson et exécuta à Miranda d’admirables manœuvres.

Il commandait le 3e corps d’armée à la campagne de Russie, où il se couvrit d’une gloire impérissable.

Il fut nommé prince de la Moskowa le 7 septembre 1812, sur le champ de bataille de ce nom, où les Russes perdirent 45.000 hommes. Commandant l’arrière-garde lors de la retraite pendant laquelle sa conduite éleva au-dessus de tout éloge ses talents militaires et son intrépidité. Laissé à l’extrême arrière-garde après la bataille de Krasnoé, surnommée par les ennemis la bataille des héros, il n’avait que 6.000 hommes et se vit attaquer par des masses énormes qui lui fermaient la marche ; il se retire devant elles, surprend le passage du Dnieper, se fait jour à travers des nuées de Cosaques et rejoint, après trois jours et par d’audacieuses manœuvres, Napoléon, qui disait hautement qu’il donnerait 300 millions pour sauver le Brave des braves.