Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/391

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Au passage de la Bérésina, il sauva les débris de l’armée, et n’arriva aux frontières de la Russie qu’après des marches forcées et des périls sans nombre. « Après la sortie de Wilna, dit M. de Ségur, Ney traverse Kowno et le Niémen, toujours combattant, reculant et ne fuyant pas ; marchant toujours après les autres, et pour la centième fois depuis quarante jours et quarante nuits, sacrifiant sa vie et sa liberté pour sauver quelques Français de plus. Il sort enfin de cette fatale Russie, montrant au monde l’impuissance de la fortune contre les grands courages, et que, pour le héros, tout tourne en gloire, même les plus grands désastres. »

Ney fut le premier des maréchaux qui abandonna Napoléon après la capitulation de Paris.

Commandant en chef de la cavalerie de France à la Restauration, gouverneur de la 6e division militaire ; Pair de France ; commandant le corps d’armée destiné à s’opposer au retour de Napoléon, il se compromit alors par des paroles imprudentes, et se vit entraîné près de Napoléon quelques jours après. Commandant l’aile gauche de l’armée du Nord dans les Cent-Jours, il fit des fautes à Waterloo, se battit comme un lion et eut sept chevaux tués sous lui. Compris dans l’ordonnance du 24 juillet 1815, le maréchal Ney fut arrêté au château de Bessonis, près d’Aurillac ; conduit à Paris, il parut le 9 novembre devant un conseil de guerre qui se déclara incompétent. Traduit devant la Cour des Pairs le 21 novembre, défendu par Dupin aîné et Berryer père, condamné à mort dans la nuit du 6 au 7 décembre, et fusillé le 7 à 9 heures du matin, derrière le jardin du Luxembourg, du côté de l’Observatoire.

— « Au retour de la campagne de Russie, Napoléon se montrait si frappé de la force d’âme qu’il disait avoir été déployée par Ney, qu’il le nomma prince de la Moskowa, et qu’il répéta alors à plusieurs reprises : « J’ai 200 millions dans mes caves, je les donnerais pour Ney. » (LAS CASES.)

« Ney ne s’est jamais permis un langage hautain en ma présence ; au contraire, il était toujours très-soumis ; quoiqu’il se livrât parfois en mon absence à des excès de violence, S’il se fût permis un langage inconvenant à Fontainebleau (comme on l’a écrit), les troupes l’eussent déchiré en pièces.

« Quant à la proclamation que Ney a prétendu avoir reçue de moi en 1815, c’est une fausseté : j’aurais supprimé cette proclamation, si cela eût été en mon pouvoir, car elle était indigne de moi. Ney n’aurait pas dû la publier, ou du moins il aurait dû agir différemment qu’il n’a fait ; car, quand il a promis au roi de m’amener dans une cage de fer, il parlait dans la sincérité de son âme, et ses intentions étaient conformes à ses discours ; il y persista pendant deux jours, après quoi il se joignit à moi. Il aurait dû faire comme Oudinot, qui demanda à ses troupes s’il pouvait compter sur leur fidélité ; elles lui répondirent unanimement : Non ; nous ne voulons pas nous battre contre Napoléon. » (O’MÉARA.)

« À Waterloo, Ney était tout hors de lui ; on pouvait lire sur son front, pêle-mêle, les remords de Fontainebleau et ceux de Lons-le-Saulnier. » (LAS CASES.)

— « La défense politique de Ney semblait toute tracée : il avait été entraîné par un mouvement général qui lui avait paru la volonté et le bien de la patrie ; il y avait obéi sans préméditation, sans trahison ; des revers avaient suivi ; il se trouvait traduit devant un tribunal ; il ne lui restait rien à répondre sur ce grand événement. Quant à la défense de sa vie, il n’avait rien à répondre encore, si ce