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n’est qu’il était à l’abri derrière une capitulation sacrée qui garantissait à chacun le silence et l’oubli sur tous les actes, sur toutes les opinions politiques. Si, dans ce système, il succombait, ce serait du moins à la face des peuples, en violation des lois les plus saintes, laissant le souvenir d’un grand caractère, emportant l’intérêt des âmes généreuses, et couvrant ses bourreaux de réprobation et d’infamie ; mais ce zèle était peut-être au-dessus de ses forces morales.

« Il est certain que Ney quitta Paris tout au roi ; qu’il n’a tourné qu’en voyant tout perdu. Si, alors, il s’est montré ardent en sens contraire, c’est qu’il sentait qu’il avait beaucoup à se faire pardonner.

« La situation de Ney était comparable à celle de Turenne, Ney pouvait être défendu ; Turenne était injustifiable, et pourtant Turenne fut pardonné, honoré, et Ney allait probablement périr. En 1649, Turenne commandait l’armée du roi. Malgré qu’il eût prêté serment de fidélité, il corrompit son armée, se déclara pour la Fronde et marcha sur Paris ; mais dès qu’il fut reconnu coupable de haute trahison, son armée repentante l’abandonna, et Turenne poursuivi se réfugia auprès du prince de Hesse pour échapper à la justice.

« Ney, au contraire, fut entraîné par le vœu, par les clameurs unanimes de son armée. Si sa conduite au 20 mars n’est pas honorable, elle est du moins explicable, et, sous quelques rapports, excusable. » (LAS CASES.)

OCHER DE BEAUPRÉ (André-François)

né aux Sables-d’Olonne le 22 novembre 1776 il fit partie à 16 ans (1793) d’un bataillon de première réquisition du département de la Vendée, en qualité de sous-lieutenant. Il quitta le service à l’incorporation de ces corps, et y rentra en 1799 comme sous-lieu tenant de la Légion de la Loire ; fut aide-de-camp du général d’Houdetot et chef de bataillon au 82e d’infanterie ; servit à la Martinique, où il se distingua contre les Anglais en 1815, sous les ordres du général Lauriston, et mérita le grade de chef de bataillon au 82e régiment. Prisonnier de guerre avec toute la garnison de l’île à la capitulation du 24 février 1809, il fut conduit sur les pontons d’Angleterre, et pendant cinq ans y souffrit les plus affreuses privations.

Rendu à sa patrie à la paix de 1814, le commandant Ocher de Beaupré, replacé au 43e de ligne, reçut la croix de la Légion-d’Honneur et servit comme adjoint à l’état-major du 2e corps d’armée en 1815.

À Waterloo, M. Ocher de Beaupré était aide-de-camp du prince Jérôme Bonaparte, ex-roi de Westphalie. En 1827, il avait été lieutenant-colonel aux 4e et 49e de ligne, il fut nommé colonel du 51e qu’il laissa à la Guadeloupe, puis du 30e, à la tète duquel il fit, en 1830, partie de l’expédition d’Alger ; sous ses ordres, ce brave régiment, que Paris possède aujourd’hui (1850) dans ses murs, prit part au combat de Sidi-Kalef et aux opérations qui précédèrent la prise d’Alger, ainsi qu’aux combats de Blidah et de Médéah, qui valurent à son chef la croix de commandeur le 27 décembre 1830.

En 1831, il fut promu au grade de maréchal de camp (2 avril). De retour en France, il commanda en cette qualité les départements du Tarn-et-Garonne et celui de Loir-et-Cher.

Placé dans la section de réserve en 1839 et admis à la retraite en avril 1848,