Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/399

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1831, le prince royal alla avec le maréchal Soult au sein de cette ville ensanglantée, pour ramener à des sentiments d’ordre les populations ouvrières exaspérées par la misère. Il était à peine de retour à Paris que l’invasion du choléra lui offrit une nouvelle occasion de dévouement ; il paya de sa personne et se rendit à l’Hôtel-de-Ville au moment où le fléau sévissait avec le plus d’intensité ; cet acte de courage lui valut une médaille que lui décerna le conseil municipal de Paris.

Quelques mois plus tard, le duc d’Orléans rentra en Belgique avec le commandement de la brigade d’avant-garde de l’armée du Nord. Le 20 novembre 1832, il était devant la citadelle d’Anvers ; il commanda la tranchée dans la nuit du 29 au 30 novembre, et son nom fut cité avec un éloge mérité dans le bulletin du lendemain. À l’attaque meurtrière de la lunette Saint-Laurent, il s’élança sur le parapet au milieu d’une grêle de projectiles de toute espèce pour diriger l’action et stimuler le courage de nos soldats.

Le duc d’Orléans se rendit en 1835 sur la terre d’Afrique, fit avec éclat la rude campagne de cette année et prit une part glorieuse au combat de l’Habrah, où il fut blessé, et à la prise de Mascara.

En 1836, il fit avec son frère Nemours, un voyage en Prusse ; c’est à la suite de ce voyage qu’il devint l’époux de la duchesse Hélène-Louise-Élisabeth de Mecklembourg-Schwerin, née le 24 janvier 1814, et fille de Frédéric-Louis, grand-duc héréditaire de Mecklembourg—Schwerin. Cette union fut célébrée le 30 mai 1837 ; des fêtes brillantes furent commencées. On sait l’affreuse catastrophe qui vint les interrompre. Le jeune prince consacra plus de 500.000 francs à soulager toutes les infortunes qui lui furent signalées.

Malgré mille résistances qu’il eut à vaincre, il retourna en Afrique et y fit une nouvelle campagne. L’armée sous ses ordres, passa à Djimilah les Portes de Fer, réputées infranchissables, et offrit à son jeune général cet arc de triomphe jeté par les Romains au milieu du désert. En mars 1840, le duc d’Orléans partit encore une fois pour l’Algérie, emmenant avec lui le duc d’Aumale, son jeune frère, dont il devait diriger les premiers travaux militaires. Aux combats de l’Affroun, de Londger, du bois des Oliviers, il déploya une intrépidité peu commune : chargé de diriger les dispositions d’attaque à la prise du Teniah de Mouzaïa, il commanda en personne la colonne attaquant la position de front, et eut la gloire de planter sur ces hauteurs la bannière tricolore de la France.

Rappelé en France après cette campagne, le duc d’Orléans consacra ses soins à l’agrandissement des forces militaires du pays et à l’amélioration physique et morale des soldats. Il organisa à Saint-Omer les chasseurs de Vincennes, devenus chasseurs d’Orléans et redevenus chasseurs de Vincennes à pied. Il jeta les bases d’une Histoire des Régiments, entreprise par ordre du ministre de la guerre, et écrivit en partie celle de deux régiments qui s’étaient trouvés sous ses ordres. Les arts et les lettres occupaient également ses loisirs, et trouvaient en lui un protecteur intelligent.

Une affreuse catastrophe brisa tout à coup cette existence si noblement remplie. De retour de Plombières, où il venait de conduire la duchesse d’Orléans, le prince royal se disposait à partir pour Saint-Omer, où il devait passer en revue une partie de l’armée d’opération sur la Marne, dont il venait de recevoir le commandement en chef, quand il se rendit le 13 juillet 1842 à Neuilly pour faire ses adieux à sa famille. Les chevaux de