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d’Espagne de 1823, le maréchal Oudinot, à la tête d’un corps d’armée, entra sans coup férir à Madrid, reçut du prince généralissime le commandement de cette capitale, et jusqu’à son départ pour Paris, il s’appliqua à contenir une populace féroce et fanatisée.

Quand éclata la révolution de Juillet 1830, Oudinot était encore un des quatre majors généraux de la Garde royale. Il prêta serment au gouvernement nouveau, mais il parut le bouder pendant quelques années ; puis, en 1837, il accepta le poste de grand chancelier de la Légion-d’Honneur, qu’il n’a quitté, en 1842, que pour passer à celui de gouverneur des Invalides.

Le maréchal Oudinot est mort dans l’exercice de ces dernières fonctions le 13 septembre 1847, à six heures du soir.


OUDINOT (Nicolas-Charles-Victor)

Le marquis Victor Oudinot, fils aîné du maréchal duc de Reggio, est né à Bar-le-Duc le 3 novembre 1791. Il est du petit nombre de ceux qui, encore aujourd’hui dans la force de l’âge, ont fait les principales guerres de l’Empire. Les vétérans de la République se rappellent l’avoir vu dans les Guides de Masséna, pendant la campagne de Zurich.

En 1805, l’Empereur le nomma son premier page au congrès d’Erfurth. Il fit, en cette qualité, la campagne de 1809, pendant laquelle, de trois champs de bataille différents, Napoléon l’envoya en France rendre compte au Sénat de la situation de l’armée.

Nommé successivement lieutenant au 5e de hussards et aide-de-camp de Masséna pendant la campagne de Portugal, il rentra en France en 1811 et fut incorporé dans la Garde. C’est dans ce corps d’élite qu’il fit les campagnes de Russie, de Saxe et de France.

En 1814, l’Empereur, au moment de quitter Fontainebleau, remit au maréchal Oudinot, pour son fils, un brevet de colonel. Louis XVIII confirma cette nomination le 27 avril, et chargea le colonel Oudinot d’organiser le régiment des hussards du roi.

Il resta étranger à tout commandement pendant les Cent-Jours. — En septembre 1815, il forma à Lille le régiment des hussards du Nord, dont il conserva le commandement jusqu’en 1822, époque où il fut mis à la tête du 1er régiment de grenadiers à cheval de la Garde royale.

Maréchal de camp en 1824, il prit le commandement d’une brigade au camp de Lunéville, et y fit apprécier bientôt ses capacités militaires.

Le roi lui confia le soin de réorganiser à Saumur, sur de plus larges bases, l’école de cavalerie, licenciée quelques années auparavant. Cet établissement comptait à peine cinq années d’existence sous ses ordres, que déjà toutes les puissances militaires y avaient envoyé des officiers chargés d’étudier l’institution de cavalerie la plus complète de l’Europe.

Survint la révolution de Juillet, elle n’altéra pas la discipline de l’École ; mais rien ne put décider Oudinot à garder son commandement ; il écrivit au ministre de la guerre la lettre suivante :

« Conformément à vos ordres, je passerai l’inspection générale de l’École avant de quitter Saumur ; mais, plein de respect pour de hautes infortunes, il ne peut me convenir de me perpétuer dans le poste dont je suis redevable au pouvoir qui m’avait revêtu de sa confiance. Je ne brise pas mon épée ; j’espère même que le jour n’est pas éloigné où je pourrai m’en servir contre les ennemis de mon pays. »

En 1835, son frère, colonel du 2e des chasseurs à cheval d’Afrique, fut frappé