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prisonnier des Espagnols. Pendant sa captivité, il conçut le hardi projet de reprendre la forteresse par les mêmes moyens dont les ennemis s’étaient servis pour s’en emparer, c’est-à-dire de fournir à l’armée française la facilité de s’introduire dans le fort et de surprendre la garnison espagnole. Encouragé dans sa périlleuse entreprise par le désir de reprendre sa revanche, il parvint à séduire quelques sous-officiers et soldats espagnols qu’il envoyait tour à tour au général Bara-guay-d’Hilliers pour l’instruire de l’état de la garnison et de ses ^dispositions, et pour lui soumettre divers projets pour surprendre la place. Sept émissaires parvinrent heureusement à destination, mais le huitième fut arrêté porteur des dépêches de Guillot. Ce malheureux fut fusillé, et le général Guillot, qui jusque-là avait joui des égards dus à son grade, fut enfermé dans un cachot humide, où il recevait à peine l’eau et le pain nécessaires à sa subsistance.

Le commandant espagnol le livra à un conseil de guerre qui le condamna à être passé par les armes. Cependant l’armée française resserrait chaque jour davantage le blocus de la place. Les secours que la garnison attendait n’arrivaient pas. Les Espagnols voyaient arriver le moment où ils seraient obligés de se rendre. Ces motifs et la crainte des représailles déterminèrent les chefs à suspendre l’exécution de la sentence prononcée contre le général Guillot. En effet, la garnison capitula le i9 août -1811, et le général Guillot fut délivré après quarante-neuf jours de la plus dure captivité. Par jugement du 23 août la. commission militaire, instituée à cet effet, condamna à la peine de mort Marques, Junyez et Floretta comme coupables d’avoir livré le fort San Fernando aux insurgés espagnols, elle condamna

également, par contumace, à la même peine les nommés Pons (Genis) et Pons (Pierre). Quant au général Guillot, il fut immédiatement conduit, par ordre de l’Empereur, à la citadelle de Perpignan pour y être détenujusqu’à nouvel ordre.

L’Empereur decida qu’un conseil d’enquête examinerait la conduite des officiers supérieurs qui commandaient lors de la surprise du fort, ainsi que les trois officiers subalternes, Minalès sous-lieutenant, faisant les fonctions d’adjudant de place, Celentani, chef de bataillon des troupes napolitaines, et Flaviono, sous-lieutenant au 2" régiment de ligne napolitain, et qui se trouvait de garde au poste de la porte principale. Une commission, prise dans le sein du conseil d’État et composée de MM. les comtes Andréossi, président de la section de la guerre, Gassendi et Lavalette, examina avec beaucoup d’attention toutes les pièces qui lui furent adressées par le ministre de la guerre, relativement à cette affaire, et déclara dans son rapport approuvé par l’Empereur le 8 mai 1812, a que le général Guillot ne pouvai t être aucunement soupçonné d’intelligence avec l’ennemi, et qu’en rendant une. entière justice à la fidélité de cet officier général, elle aurait voulu pouvoir se convaincre en même temps qu’il n’avait aucune faute d’imprévoyance et de négligence à se reprocher, mais qu’il était des points à l’égard desquels les pièces fournies ne donnaient que peu ou pas de renseignements, et qui ne pouvaient être bien éclaircis que par des confrontations et des débats. »

Conformément aux conclusions de ce rapport, l’Empereur décréta, le 12 mai 1812 ; que le général Guillot, le colonel Yann et les trois autres officiers seraient traduits devant un conseil de guerre extraordinaire convoqué à Perpignan. Après une procédure longue