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Il fallut livrer.un rude combat : le 44’ de ligné, sous les ordres du chef de bataillon Manne.ville, soutenu par le 126e de la brigade Billard, aborde l’ennemi à la baïonnette, le refoule vers le pont et le force à repasser la rivière ; le général Blamont le suit après avoir laissé, d’après les ordres du général Partouneaux, un bataillon d’extrême arrière-garde, chargé de brûler le pont de la Ska. Ce bataillon, qui appartenait au 55e de ligne et qui était sous les ordres du commandant Joyeux, échappa seul, et, par un concours de circonstances aussi heureuses que singulières, parvint à rejoindre le 9e corps.

A trois werstes environ de Borisow, on rencontra l’ennemi en position sur la route, on l’attaqua avec vigueur ; un feu terrible1 et meurtrier s’engagea de part et d’autre. L’artillerie française, réduite à trois pièces, tira 400 coups, dont une grande quantité à mitraille ; pendant près de deux heures. Le chef de bataillon Sibille ■ qui la commandait, fut blessé d’un coup de baïonnette à la main droite, et sur 42 canonniers il n’en resta que 18,après l’affaire, les autres furent blessés ou tués.

Il était nuit close, la division française était pressée, encombrée par de nombreux bagages accumulés et par une masse considérable de traîneurs sans armes et démoralisés ; l’ennemi, avec des forces bien supérieures, l’enveloppait de de toutes parts. Sur ces entrefaites, arrive un parlementaire qui, après avoir éclairé le général Partouneaux sur sa véritable position, le somme de se rendre au nom du général Wittgenstein.

Malgré la situation critique dans laquelle il se trouve, le brave Partouneaux répond au parlementaire : « Je ne « veux point me rendre ; je ne puis vous a renvoyer dans ce moment ; vous serez « témoin des efforts que nous allons faire « pour nous ouvrir un passage. » Cette résolution énergique ne devait point avoir le résultat que s’en promettait le brave général.

Les troupes du général Wittgenstein couronnaient toutes les hauteurs de la droite des Français ; celles de Platow et celles de Tcbitchagow, qui avaient passé la Bérésina aussitôt que Borisow avait été évacué, les resserraient sur leur gauche et sur leur derrière, et le comte Steingell, avec 18,000 hommes et 60 pièces de canon, était établi sur la route entre eux et le reste de l’armée, dont huit werstes les séparaient encore.

Dans ce moment, arrive le capitaine Rocheix, aide-de-camp du général Camus, qui annonce que le pont de Stud-zianka est en feu. C’était une erreur, et l’o,n sut plus tard qu’on avait pris l’incendie d’une ferme pour celui du pont(l). Le général Partouneaux envoie alors au général Camus l’ordre de chercher, à la faveur de la nuit, à passer la Bérésina, soit en la remontant, soit en la descendant à gué ou à la nage, et il le fit prévenir qu’il allait se diriger sur la droite.

A la tête de la brigade Billard, le général Partouneaux gravit la montagne, où bientôt il rencontra l’ennemi. Après avoir erré plusieurs heures dans l’obscurité, à travers des bois, des marais et des lacs ; cette brigade, qui ne comptait plus que 400 combattants, suivie, harcelée par les Cosaques, enveloppée par l’ennemi, exténuée de faim, de fatigue et de froid, et près d’être engloutie par un lac à peine gelée que la neige et la nuit dérobaient à tous les regards, se vit obligée de déposer les armes, après avoir fait tout ce qui était humainement possible pour obtenir un résultat plus heureux ; les deux autres brigades, après avoir passé la nuit à combattre, durent partager le sort de celle du général Billard.

(1 ) Témoin du désespoir qu’il ne put maîtriser quand cette fatale erreur fut reconnue, le général Wittgenstein lui demanda ce qu’il eût pu attendre d’une résistance plus prolongée ?… « Nous auriqns été nous faire tuer