Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/424

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n’abandonnerai point un prince malheureux qui n’a à opposer au torrent qu’entraînent et la fortune et le nom de votre Majesté, que des droits et des vertus. ’Votre Majesté a été bien injuste envers moi dans son 29e Bulletin. J’avais fait mon devoir, j’avais fait tout ce qu’on pouvait attendre d’un homme d’honneur dans la situation affreuse où je me suis trouvé, et Votre Majesté me frappe d’un coup’de massue !

« Ceux qui ignorent les ordres que j’avais reçus, ce que j’avais fait, et les obstacles que j’avais rencontrés, m’accusaient, me trouvaient des torts ; les braves qui me connaissaient ne pouvaient m’en supposer, mais ils craignaient pour moi. Je ne me plaignis alors que de l’extrême injustice de Votre Majesté. Chaque jour je suis encore dans la cruelle nécessité d’expliquer cette malheureuse affaire. Humilié, accablé par ce coup, je recueillis des pièces officielles, et je composai une adresse à l’armée. On imprime en ce moment ces pièces à Paris, à moins que mes amis ne soient empêchés de le faire par le retour de Votre Majesté ; quant à moi, je suis sans inquiétude, car ce que j’ai de plus cher, c’est l’honneur !… »

La franchisse avec laquelle le général s’était exprimé dans cette lettre, et son refus constant de prendre du service, n’empêchèrent pourtant point l’Empereur de se montrer bienveillant envers lui. N’apoléon accorda spontanément à ses fils, dans le lycée de Marseille, les trois places gratuites que les événements de 481-4 leur avaient fait perdre à celui de Turin.

Cependant1, le 15 juin, le maréchal prince d’Eckmùhl, alors ministre de la guerre, écrivit au comte Partouneaux : « Général, vous voudrez bien, au reçu de la présente, partir pour vous rendre à Paris et recevoir une destination. Si vous ne vous conformiez pas à cet ordre, je serai dans la nécessité de demander votre destitution ou votre mise en jugement. » Et le Journal de l’Empire le citait nominativement comme l’un des lieutenant-généraux au nombre de quatre auxquels des commandements de corps d’armée étaient destinés. La catastrophe de mont Saint-Jean mit obstacle aux fâcheuses conséquences que pouvait avoir pour le général Partouneaux un nouveau refus de sa part.

Au second retour des Bourbons, d’affligeants désordres eurent lieu dans le Midi de la France. Une populace égarée par des meneurs, que leur position sociale eût dû éloigner de pareils excès, porta le deuil et la désolation dans un grand nombre de familles. La terreur qu’inspiraient-les exploits de ces soi-disant serviteurs de l’autel et du trône, comprimait et paralysait les efforts delà partie saine de la.population ; qui aurait voulu y mettre un terme.

Dans ces circonstances, le gouvernement royal, par décision du 21 juillet, confia au général Partouneaux le commandement de la 8e division militaire. Après avoir fait reconnaître son autorité à Marseille, cet officier général se rendit à Toulon, où le nouveau gouvernement était toujours méconnu. En route, il apprit que le maréchal Brune venait de quitter Toulon avec une escorte de 60’à 80 chasseurs à cheval du 14* régiment, et que des attroupements considérables se mettaient en mouvement pour s’emparer de sa personne. Le général Partouneaux courut sans perdre de temps au cantonnement anglo-sicilien le plus proche et pria l’officier, au nom de l’honneur et de l’humanité, de donner aide et assistance au maréchal, ce qu’on lui accorda.

Arrivé à Toulon, Partouneaux essaya d’abord inutilement de déterminer la