Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/505

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appelé dans le mois de septembre 1827 à assurer la noble résolution de la France, de la Russie et de l’Angleterre, qui s’étaient unies pour arracher la Grèce à la domination turque. L’immortelle victoire de Navarin, saluée par les applaudissements unanimes de l’Europe, valut à M. de Rigny la croix de l’ordre du Bain et de l’ordre de Saint-Alexandre-Newki et le titre de vice-amiral.

De retour en France après l’évacuation de la Morée, à laquelle il avait présidé, l’amiral de Rigny fut créé comte et nommé préfet maritime à Toulon en 1829. Après avoir, au 8 août même année, refusé de se charger du portefeuille de la marine dans le ministère Polignac, l’amiral comte de Rigny alla dans le Levant reprendre le commandement de la flotte. Revenu à Toulon pour cause de santé, eu septembre 1830, il fut nommé membre du conseil d’amirauté et reçut la décoration de grand officier de la Légion-d’Honneur. Appelé en 1831 à la Chambre des Députés par une double élection, l’amiral de Rigny reçut, le 3 mars de la même année, de Louis-Philippe, le portefeuille de la marine. Les marins de toutes classes ont gardé le souvenir du trop court passage de l’amiral à ce ministère. Chargé, le 4 avril 1834, du département des affaires étrangères, il fit dans cette administration preuve d’une activité nouvelle. Le 12 mars 1835, les soins qu’exigeait sa santé, devenue de plus en plus chancelante, le forcèrent à résigner ses fonctions de ministre ; toutefois, dans le mois d’août, il accepta une courte mission à Naples. Il était à peine de retour à la fin d’octobre, quand il ressentit les premières atteintes du mal terrible auquel il succomba dans la nuit du 6 au 7 novembre, à l’âge de 52 ans. L’un des plus riches héritiers de la Belgique, il était encore héritier du baron Louis.


RIGNY (Alexandre - Gaultier) de

fils d’un ancien officier de cavalerie et d’une sœur de l’abbé Louis, né en 1790, fit ses études à Bruxelles et fut envoyé à l’école militaire de Fontainebleau. Il fut nommé sous-lieutenant au 26e d’infanterie légère le 16 janvier 1807. Le 10 juin, même année, il fut blessé à l’attaque d’une redoute enlevée par son bataillon contre des grenadiers russes ; il fit en 1807, 1808 et 1809, les campagnes de Prusse, d’Autriche et de Pologne. Il fut cité avec éloge au célèbre et meurtrier combat d’Ebersberg. À Essling, son régiment placé à l’avant-garde, lutta contre des masses autrichiennes ; M. de Rigny fut blessé, mais ne voulut pas quitter le champ de bataille ; le lendemain, il fut de nouveau blessé et mis hors de combat. Sa belle conduite lui valut le grade de lieutenant à l’âge de 19 ans. À Wagram, le jeune lieutenant commanda la compagnie en l’absence de son capitaine, qui venait d’être tué, et se fit remarquer par son courage ; mais cinq jours après il fut atteint d’une balle à l’épaule et fut transporté à Vienne, où le général Suchet, nommé au commandement de l’armée d’Aragon, le réclama et se l’attacha en qualité d’aide-de-camp.

M. de Rigny gagna au combat de Margaleff et à l’assaut de Lérida les épaulettes de capitaine. Il assista aux sièges de Mequinenza, de Tortose, de Tarragone, de Sagonte et de Valence ; il se fit surtout remarquer sous les murs de Tarragone, où il mérita d’être cité avec éloge par le maréchal Suchet, pour son éclatante bravoure ; on le récompensa par le grade de chef d’escadron, et plus tard, en 1813, il fut envoyé en mission en Saxe près de l’Empereur. Il était attaché à l’état-major du prince de Neufchâtel, lorsqu’à la terrible retraite de Leipzig, il reçut une grave blessure à la tête, resta au pouvoir de l’ennemi et fut prisonnier