Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/512

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d’Honneur. Cela m’est difficile. Missiessy, Gourdon, Lacrosse, Magon, sont dans mon esprit au-dessus de lui ; il a donc très tort de se comparer à Bruix, à Ganteaume, à vous, à Villeneuve. J’estime même que tout capitaine qui a fait la guerre et qui a quelque mérite, a plus de considération à mes yeux que M. Rosily. Cependant, c’est un bon officier ; il n’est pas tellement vieux qu’il ne puisse rendre des services à la mer. Voyez à l’employer, ou qu’il reste comme il est ; mais que je n’entende plus parler de lui pour aucune espèce d’avancement. Les hommes qui restent à Paris ne peuvent se comparer aux hommes qui s’exposent à tous les dangers qu’on court à la mer, et dès qu’ils s’élèvent jusqu’à se comparer à eux, il faut le leur rappeler et les faire rentrer en eux-mêmes. »

Si Napoléon ne jugeait pas à propos de confier encore à Rosily un service actif à la mer, au moins ne lui refusait-il pas certaines connaissances utiles à ses projets, puisqu’il chargeait le ministre Decrès, le 26 thermidor an XIII, de demander à ce vice-amiral « un Mémoire très-détaillé sur toute la côte d’Afrique. »

Enfin, Rosily reçut une destination. Les escadres combinées de France et d’Espagne étaient réunies à Cadix, au nombre de 33 vaisseaux de ligne. L’Empereur mécontent de l’amiral Villeneuve lui donna Rosily pour successeur.

Une dépêche adressée à Villeneuve l’informe de ce qui se passe, et ajoute, dit-on : « Sors, bats l’ennemi, et tout sera réparé. » C’était Decrès, ministre de la marine, qui donnait ainsi un conseil sage et hardi à son ami. Cependant Rosily, qui était parti en toute hâte, entendait à son arrivée le canon de Trafalgar, et, le lendemain, il recueillait les débris de cette fatale journée.

Le désastre était irréparable ; pourtant Rosily réorganisa une petite flotte et la mit en état de prendre la mer. Il resta deux ans et demi devant Cadix, constamment bloqué par l’armée anglaise. Le 26 mai 1808, la flotte anglaise fit des démonstrations pour forcer la baie : dans le même moment, le peuple de Cadix, instruit des événements politiques de la Péninsule, se soulevait contre les Français, et l’escadre espagnole, forte de 6 vaisseaux, s’éloignait de leurs rangs.

Dans les journées des 9 et 10 juin, Rosily, réduit à ses propres forces, reçut sur son escadre plus de 1.200 bombes lancées par les Espagnols. Le 11, ses dispositions étaient prises pour passer devant les vaisseaux espagnols et traverser la flotte anglaise ; les vents le retinrent. Cependant le peuple menaçait d’égorger les Français restés à terre, et rien n’annonçait l’arrivée des secours promis à Rosily pour le 7 du même mois. Le général Dupont, loin de lui venir en aide, avait flétri son drapeau à Baylen. Le 14, Rosily entra en négociations avec le général espagnol : il rentra seul en France avec son état-major, et vint reprendre ses fonctions de directeur du dépôt de la marine.

En 1809. il fut créé comte de l’Empire, et nommé membre du conseil d’enquête chargé d’examiner la conduite de Victor Hagues, commissaire commandant en chef de la Guyane française, accusé de s’être rendu sans combat.

En 1811, il fut nommé président du conseil des constructions navales, et chargé en 1813, de concert avec MM. Tarbé, inspecteur des ponts et chaussées, et Beautemps-Beaupré, d’aller choisir l’emplacement d’un arsenal maritime à l’embouchure de l’Elbe.

Ce fut en 1814 que le corps des ingénieurs hydrographes reçut, sous sa direction, une organisation définitive, et