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qu’il fit comme aide-de-camp de son père, il prit une part très-active au siège de Dantzig, particulièrement à l’attaque de la Frisch-Nehrung que son père enleva dans la nuit du 19 au 20 mars. La possession de cette grande langue de terre était très-importante en ce que l’on pouvait alors resserrer la ville du côté de l’Ouest et du Nord et gêner sa communication avec la mer. Le lieutenant Schramm, chargé de porter l’ordre d’attaque, fut assailli par des cavaliers russes ; il les combattit avec résolution, en tua un, blessa l’autre et sortit vainqueur de ce combat inégal dans lequel il fut blessé. Surmontant la douleur que lui causait sa blessure, il accomplit sa mission en remettant l’ordre dont il était porteur, et de l’exécution duquel dépendait le succès de l’attaque. L’Empereur récompensa cette action courageuse en nommant le jeune Schramm capitaine et en le plaçant dans la Garde impériale (fusilliers-chasseurs) après la crise de Dantzig.

À la bataille d’Heilsberg, le capitaine Schramm donna de nouvelles preuves de sa valeur et reçut un coup de feu au côté droit.

En 1808, il se rendit en Espagne et prit part à cette campagne de quelques mois, dans laquelle l’Empereur s’empara de Madrid, après avoir détruit ou dispersé les armées espagnoles et repoussé l’armée anglaise sur la Corogne. Les armements de l’Autriche ayant rappelé l’Empereur à Paris, la Garde impériale fut dirigée sur l’Allemagne ; le capitaine Schramm fit avec elle la campagne mémorable de 1809 et se distingua surtout à Essling et à Wagram.

La campagne de Saxe (1813) devant procurer une revanche à la grande armée, le chef de bataillon Schramm. nommé le 14 avril major commandant du 2e voltigeurs, se signala à la bataille de Lutzen (2 mai). Le village de Kaya, la clef du champ de bataille, avait déjà été pris et repris par l’ennemi ; l’Empereur envoya sa Garde pour enlever ce point important aux alliés. Le feld-maréchal Blücher s’efforça en vain de lutter contre la phalange de braves lancée contre lui ; écrasé, abîmé par la mitraille, il fut forcé et chassé de sa position ; la jeune Garde pénétra dans Kaya par toutes les issues et renversa tout ce qui lui opposait résistance. Dans cette action éclatante, le colonel Schramm, avec deux régiments de la jeune Garde, avait été chargé de soutenir la retraite du maréchal Ney sur Kaya : il aborda avec vigueur la position occupée par l’ennemi. Deux attaques successives échouèrent devant la Garde prussienne à laquelle le colonel Schramm n’avait à opposer que des recrues de trois mois ; mais ayant promptement rallié ses troupes, et les ayant électrisées par une allocution chaleureuse appuyée de tout le poids de l’exemple de son intrépidité, il les ramena aux retranchements des Prussiens qu’il enleva enfin au pas de charge et à la baïonnette, sous le feu d’une nombreuse artillerie et de la mousqueterie. Cette position reprise, l’ennemi commença sa retraite et la bataille fut gagnée. L’Empereur, témoin de ce brillant fait d’armes, nomma le colonel Schramm officier de la Légion-d’honneur et baron de l’Empire (14 mai) ; le colonel s’était tellement dévoué pour enlever les troupes, qu’il reçut à quinze pas deux blessures, l’une dans le bras, l’autre dans la poitrine. Celle-ci était si grave que, pendant quelques jours, on craignit pour sa vie.

Malgré son état de faiblesse, le colonel Schramm voulut retourner à son régiment vers la fin de l’armistice, et, le bras en échappe, pouvant à peine se soutenir à cheval, il suivit les mouvements de la jeune Garde de Dresde sur Bautzen, Gorlitz et Lowemberg. — Le premier jour de la bataille de Dresde, la jeune Garde, arrivée le 26