Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/532

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au Sultan de renoncer à l’alliance de la France, de renvoyer l’ambassadeur français et de mettre l’escadre turque en dépôt entre les mains de l’Angleterre, jusqu’à ce qu’un traité de quadruple alliance eût été conclu entre cette puissance, la Russie, la Turquie et la Prusse. À cette nouvelle l’effroi se répandit dans Constantinople, et Sélim, n’apercevant aucun moyen d’échapper au danger qui le menaçait, écrivit au général Sébastiani qu’il se voyait à regret forcé d’obtempérer aux ordres de l’amiral anglais, et de le prier de se retirer. Le général répondit qu’il n’en ferait rien et attendrait avec confiance une décision plus digne du sultan. En effet, il parvint à lui faire comprendre qu’il serait honteux à une ville de neuf cent mille âmes de se laisser faire la loi par quelques vaisseaux ; et il finit par le décider à résister.

Aussitôt il se mit à préparer des moyens de défense. On avait ouvert avec l’amiral anglais des négociations qui, portant sur des détails de forme, traînèrent en longueur et donnèrent le temps de couvrir d’artillerie les murs de Constantinople ; bientôt la ville n’eut plus rien à craindre de la flotte anglaise, et l’amiral, s’apercevant trop tard qu’il avait été joué, fut forcé de se retirer. Cette circonstance, où le général Sébastiani déploya à la fois l’habileté d’un diplomate consommé et l’audace d’un brave soldat, est certainement l’épisode le plus glorieux de sa vie.

À son retour en Europe, il fut envoyé en Espagne, où il commanda la première division du premier corps, et après la prise de Madrid, il fut nommé général en chef de ce même corps. De 1808 à 1811, il resta dans la Péninsule, y remporta des victoires, entre autres celle d’Amonacid, et y éprouva des revers, partageant en cela le sort de presque tous les généraux français qui commandèrent dans ce pays.

Lorsque la campagne de Russie fut décidée, Napoléon le nomma général en chef, du camp de Boulogne : mais il demanda à partager les périls de l’expédition, et fut placé à l’avant-garde. Il se trouva aux batailles de Smolensk et de la Moskowa, et entra le premier dans Moscou avec le deuxième corps. Lorsque les Russes reprirent l’offensive, il fut obligé de battre en retraite, et perdit alors beaucoup de monde et plus de la moitié de son artillerie.

Plus tard, il prit part aux événements de la campagne de Saxe, fut blessé à la bataille de Leipzig et contribua à la défaite du général de Wrède à Hanau. C’est là que se termine la carrière militaire du général Sébastiani, quoi qu’il se soit encore trouvé à la tête de trois régiments de cavalerie de la Garde impériale, aux combats de Reims, d’Arcis et de Saint-Didier.

Dans les Cent-Jours, il fut nommé député du département de l’Aisne à la Chambre des représentants, et après le désastre de Waterloo, envoyé par ses collègues auprès des souverains alliés, avec La Fayette, d’Argenson, Pontécoulant, la Forêt et Benjamin Constant, pour traiter de la paix. Après cette démarche infructueuse il quitta la France, et se rendit en Angleterre. Il revint en France en 1816.

En 1819, il fut élu député par le collège électoral de la Corse, dont M. Decazes l’avait nommé président. Il siégea à l’extrême gauche. En 1824, il concourut de nouveau pour la députation dans le département de la Corse ; mais cette fois il n’obtint que quelques suffrages et rentra dans la vie privée, où il resta jusqu’en 1826. L’arrondissement de Vervins le renvoya alors à la Chambre en remplacement du général Foy.

Digne remplaçant du grand orateur auquel il succédait, le général Sébastiani se montra comme lui jaloux des libertés