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et contribua au succès de la bataille par l’habileté de ses manœuvres et par des prodiges de valeur. Elle se signala de nouveau en Pologne, où elle résista seule à l’armée russe au combat de Pultusk. « J’ai combattu contre une armée entière, écrivit le général Beningsen. » Cette division battit encore les Russes à Ostrolenka.

Après la paix de Tilsitt, en 1807, le général Suchet prit ses cantonnements dans la Silésie, et commanda le 5e corps qui fut envoyé en Espagne l’année suivante. En décembre 1808, la division de Suchet ouvrit le siège de Saragosse, sur la droite de l’Èbre, où elle obtint des succès. Nommé, en avril 1809, général en chef du 3e corps (armée d’Aragon), et gouverneur de cette province, le départ du 5e corps, la guerre de l’Autriche et le délabrement d’une armée très-faible, rendirent sa position fort critique.

Le jour de son arrivée au commandement, le général espagnol Blacke se présenta avec 25.000 hommes devant Saragosse. Les troupes abattues demandaient la retraite ; Suchet leur communiqua son énergie, les conduisit à l’ennemi, le battit à Maria le 14 juin 1809, lui prit 30 pièces de canon et 4.000 hommes, et compléta sa défaite, le 18, à Belchite.

Ces succès renversèrent les projets des Espagnols qui voulaient se porter sur les Pyrénées. Son administration juste et modérée, son impartiale intégrité envers les habitants auxquels il conserva leurs emplois, sa protection particulière pour le clergé, sa sévérité sur la discipline, lui attachèrent les Aragonais et lui créèrent des ressources. Au milieu de la disette générale, son armée devint florissante, et après une marche sur Valence, en janvier 1810, elle commença ses mémorables campagnes. Lérida, écueil des grands capitaines, tomba la première en son pouvoir, le 13 mai, après une victoire complète remportée sur le général O’Donnel, à Margalef, le 13 avril, sous les murs de la place. Mequinenza fut forcée de capituler le 8 juin ; Tortose ouvrit ses portes le 12 janvier 1811, après 13 jours de tranchée ouverte ; le fort San-Felipe, au col de Balanguer, fut pris d’assaut le 9 ; Tarragone, la Forte, succomba le 28 juin après 56 jours de siège, ou plutôt d’une continuelle et terrible bataille, en présence et sous le feu de l’escadre anglaise, de ses troupes de débarquement et de l’armée espagnole de Catalogne. Le bâton de maréchal de l’Empire fut le prix de cette campagne, admirable sous les rapports militaires ; plus admirable encore, en ce que les droits de l’humanité furent respectés, autant qu’il fut possible, par les soins du général, au milieu des horreurs d’une guerre furieuse.

En septembre 1811, le maréchal ouvrit la campagne de Valence. Les forts de l’antique Sagonte, qui couvrent cette capitale, relevés à grands frais par les Espagnols, l’arrêtent. Oropesa fut assiégé et pris le 25 août. La garnison de Sagonte avait repoussé deux assauts ; la ville continuait d’être battue en brèche : Blacke sortit de Valence avec 30.000 hommes pour la secourir, et fut défait totalement, à la vue même de Sagoute qui capitula et donna son nom à cette mémorable bataille, où le maréchal fut blessé à l’épaule. Le 26 décembre, ayant reçu le corps de réserve de la Havane, et, sans attendre les divisions de Portugal, il passa la Guadalavia, investit Valence, pressa le siège et le bombardement, et força Blacke à capituler le 9 janvier 1812. Le 10, les Espagnols, au nombre de 17.500 hommes d’infanterie et 1.800 de cavalerie, se rendirent, et Valence fut occupée. Avant un mois, la place de Peniscola et le fort de Dénia tombèrent en son pouvoir, et complétèrent la conquête du royaume de Valence.

Heureuse