Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/547

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

par les soins du vainqueur, comme l’était l’Aragon, cette contrée imita sa soumission, et le maréchal fut récompensé de sa brillante campagne par le titre de duc d’Albuféra, et par la mise en possession de ce riche domaine, qui touche Valence, et sur lequel il avait combattu. Après divers engagements victorieux, contre le général Joseph O’Donnel et l’armée espagnole, et après avoir reçu à Valence les armées du Centre et du Midi qui s’y rallièrent pour marcher contre l’armée anglaise, le maréchal fit, en juin 1813, lever le siège de Tarragone, vivement pressé par le général Murray qui perdit toute son artillerie. La retraite de l’armée française au delà des Pyrénées après la bataille de Vittoria, l’obligea d’évacuer Valence le 5 juillet, dix-huit mois après la reddition de cette ville. Il laissa des garnisons à Dénia, Sagonte, Peniscola, Tortose, Lérida et Mequinenza approvisionnées pour plus d’un an.

En septembre il battit lord Bentinck au col d’Ordal et fut alors nommé colonel général de la Garde impériale, en remplacement du duc d’Istrie (Bessières), qui venait de trouver une mort glorieuse dans les champs de Lutzen. Le duc d’Albuféra occupa pendant six mois la Catalogne.

20.000 hommes lui ayant été demandés pour la France, en janvier 1814, il se rapprocha alors des Pyrénées, et y reçut Ferdinand VII, qu’il fut chargé de conduire à l’armée espagnole, présent longtemps funeste, et qui n’a pas été, pendant six années, moins fatal à l’Espagne que la guerre que Napoléon lui avait suscitée. Malgré la faiblesse de son armée, réduite à neuf mille hommes, le duc d’Albuféra persista à rester en Espagne pour assurer la rentrée de 18.000 hommes de garnison, et surtout pour empêcher l’ennemi d’envahir la frontière.

Instruit officiellement de l’abdication de l’Empereur, et croyant voir le vœu de la nation dans ce décret du sénat, il fit reconnaître Louis XVIII par l’armée dont le gouvernement royal lui conserva le commandement.

De retour à Paris, il fut nommé pair de France, gouverneur de la 10e division, commandeur de Saint-Louis, et, en décembre suivant, gouverneur de la 5e division à Strasbourg. Tant que les Bourbons demeurèrent sur le territoire français, le duc d’Albuféra resta fidèle au serment qu’il leur avait prêté et maintint les troupes dans l’obéissance : resté sans ordres ni instructions du gouvernement royal, et jugeant, par les premiers actes du congrès de Vienne, que l’étranger se disposait à envahir la France, le maréchal ne connut plus d’autre intérêt que celui de la patrie, et se rendit à Paris, le 30 mars 1815, dix jours après l’arrivée de Napoléon, pour recevoir de nouveaux ordres. Il reçut le 5 avril celui de se rendre à Lyon pour y rassembler une armée, et fut nommé, le 27 juin suivant, membre de la Chambre impériale des pairs.

Un nombre immense de soldats volontaires ou déserteurs de l’armée royale, pendant l’année qui venait de s’écouler, était accouru de toutes parts sous les drapeaux ; mais les arsenaux étaient vides, et il n’avait pas été possible d’armer plus de 10.000 hommes. C’est avec d’aussi faibles moyens que le duc d’Albuféra, qui avait inspiré une entière confiance aux braves Lyonnais, se porta vers les Alpes, battit les Piémontais, le 15 juin, et quelques jours après les Autrichiens à Conflans. L’arrivée de la grande armée autrichienne à Genève l’obligea de quitter la Savoie et de se replier sur Lyon.

Instruit, le 11 juillet, que la victoire de Waterloo venait de replacer le sceptre dans la main des Bourbons, le duc d’Albuféra, pour éviter une guerre civile, conclut avec les Autrichiens une capitulation honorable qui, en sauvant