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au général Victor, qui se mit aussitôt en marche pour aller faire le siège de Colberg et de Dantzig ; mais pendant qu’il se rendait à Stettin, en voiture avec son aide-de-camp et un domestique, il fut enlevé par un parti de 25 chasseurs ennemis qui battaient le pays. Échangé presque aussitôt par les soins de l’Empereur Napoléon, il fut chargé au mois de mai du siège de Grandentz, et le 14 juin suivant, en l’absence du maréchal Bernadotte, il commanda le 1er corps de la grande armée à la bataille de Friedland. Il détermina le succès de cette journée, et pour l’en récompenser, l’Empereur rendit le décret suivant : « Napoléon, empereur des Français et roi d’Italie, voulant donner au général de division Victor un témoignage éclatant de notre satisfaction pour les services qu’il nous a rendus, et notamment à là bataille de Friedland, nous avons décrété et décrétons ce qui suit : le général Victor est nommé maréchal de l’Empire. Donné en notre camp impérial de Kœnigsberg, le 13 juillet 1807. Signé, NAPOLÉON. »

Chargé du gouvernement de la Prusse après la paix de Tilsitt, il fut créé duc de Bellune en juillet 1808. Appelé au mois d’août suivant au commandement en chef du 1er corps destiné à opérer en Espagne, il se dirigea aussitôt sur Bayonne avec les troupes sous ses ordres.

À son passage à Paris, le 22 septembre, avec une colonne du 1er corps, le préfet de la Seine, à la tête du Conseil municipal, vint à sa rencontre jusqu’à la barrière de Pantin. Après une allocution dans laquelle il énumérait les services éclatants de la grande armée ; ce magistrat remit au 1er corps des couronnes d’or offertes par la ville de Paris. Le maréchal duc de Bellune répondit en ces termes : « Monsieur le Préfet, messieurs les maires de la ville de Paris, les couronnes triomphales que vous venez d’offrir au 1er corps de la grande armée, au nom de la ville de Paris, orneront désormais ses aigles victorieuses ; les officiers, sous-officiers et soldats qui le composent ne verront jamais ces témoignages distingués de la considération et de la reconnaissance publique qu’ils ont tâché de mériter, sans se promettre de justifier le sentiment qui les a donnés. L’occasion s’en présentera bientôt, et là, comme sur les rives du Danube et de la Vistule, les soldats de la grande armée se montreront dignes de leur nom et des honneurs qu’ils reçoivent aujourd’hui. Ils acquerront, n’en doutez pas, de nouveaux droits à l’estime du grand peuple et à la bienveillance paternelle de notre auguste souverain, Napoléon le Grand. Vive l’Empereur ! » Ce cri fut répété de toutes parts ; alors au son d’une musique brillante et au milieu des plus vives acclamations, le préfet fixa sur les aigles les couronnes d’or votées par la capitale. Les troupes entrèrent ensuite dans Paris et se rendirent au jardin de Tivoli, où un banquet leur avait été préparé.

Le 1er corps d’armée poursuivit sa marche sur Bayonne, où il arriva du 20 au 30 octobre ; il entra par brigades sur le territoire espagnoles 22, 23, 25, 27 et 29 du même mois, et se trouva entièrement réuni à Vittoria et aux environs dans les cinq premiers jours de novembre.

Les 10 et 11 de ce mois, le duc de Bellune attaqua le général Blake à Espinosa de los Monteros et le battit complètement. Les Espagnols perdirent dans cette journée plus de 20.000 hommes, tués ou faits prisonniers, tous leurs bagages, 60 pièces de canon et leurs munitions. Blake se retira dans le plus grand désordre et atteignit Reinosa dans la journée du 12, où il rallia environ 7.000 fuyards, tristes débris d’une armée forte de 50.000 hommes, dix jours auparavant.

Le 30 du même mois, le 1er corps fut chargé de l’