Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/129

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— Havelaar est un original.

Je ne dis pas le contraire. Pourtant si l’on s’était donné la peine de traduire cette phrase bizarre, on aurait trouvé dans cette question sur la toilette d’une fille le texte d’un discours sur la chasteté de l’esprit, qui fuit les regards indiscrets du passant, et se cache sous le voile d’une retenue virginale.

Oui, Havelaar et sa Tine se promettaient de vivre heureux à Rangkas-Betoung. Leurs dettes d’Europe étaient leurs seuls soucis. Ces dettes s’étaient augmentées de leurs frais de voyage, et des dépenses causées par leur ameublement. Mais, ils comptaient vivre de la moitié… non… du tiers de ses revenus. Peut-être, allait-il être nommé, sous peu, préfet ! Et alors tout s’arrangerait, au mieux.

— Après cela, je regretterais de quitter Lebac, ma Tine. Il y a ici beaucoup à faire. En attendant, il te faut beaucoup d’économie, ma chère ; nous arriverons à tout payer, peut-être… sans avancement… et alors, je resterai ici, long-temps, très long-temps, tout à mon aise.

Il n’avait pas besoin de lui prêcher l’économie. Ce n’était vraiment pas sa faute, à elle, si l’économie était devenue une nécessité. Du reste, elle s’était tellement identifiée avec son Max, qu’elle ne prit nullement cette recommandation pour un reproche. Ce n’en était pas un, non plus. Havelaar savait fort bien que lui seul s’était mis en défaut, par ses libéralités exagérées. Sa faute à elle, si faute il y avait, n’était qu’un ardent amour pour son Max, amour qui la poussait à approuver tous ses actes.

Oui, Elle l’avait approuvé, le jour où il avait accompagné ces deux pauvres femmes de la rue-