Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/131

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Elle ne s’opposa jamais à ce qu’à Menado et à Amboina, il recueillît, dans sa maison, les naufragés des navires américains, sans l’obliger à se croire assez peu : Grand Seigneur, pour envoyer une note d’aubergiste au Gouvernement Américain.

Elle admit toujours que les officiers de tout vaisseau de guerre, mouillant dans son ressort, logeassent chez lui, et que sa demeure fût leur pied-à-terre de prédilection.

N’était-il pas son Max ?

N’était-ce pas trop petit, trop mesquin de l’enfermer, lui, qui pensait en prince, dans les limites étroites d’un ménage économe et bourgeois ! Puis, si parfois les dépenses dépassaient les recettes, Max, son Max n’était-il pas destiné à une brillante carrière ! ne devait-il pas se trouver, sous peu, dans une position lui permettant de donner un libre cours à ses instincts généreux, et cette fois, sans s’en trouver gêné ! Son Max ne devait-il pas devenir Gouverneur-général, de ce beau pays des Indes ! Gouverneur… ou même Roi ! N’était-ce pas étrange qu’il ne fût pas Roi, déjà !

Une faute commise par Elle ! mais sa prévention en faveur de Havelaar en eût seule été la cause ! Et le pardon de cette faute ne serait pas difficile, puisqu’il faut beaucoup pardonner à qui a beaucoup aimé.

Mais qu’on se rassure, il n’y avait rien à lui pardonner. Sans partager ses idées exagérées, à propos de son Max, on peut admettre qu’il avait devant lui une brillante et solide carrière. Cette perspective réalisée, les suites fâcheuses de sa générosité ne tiraient plus à conséquence. Une autre raison aussi doit excuser leur insouciance apparente. Elle avait