Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/132

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perdu, très jeune, son père et sa mère, et fut élevée dans sa famille. Lors de son mariage on lui remit la petite fortune qui lui revenait mais, en feuilletant quelques lettres et quelques papiers, contenus dans un coffret qui lui venait de sa mère, Havelaar découvrit que sa famille, tant du côté paternel que du côté maternel, était en possession d’une grande fortune. Il ne put pourtant venir à bout d’expliquer où, comment et quand cette immense richesse avait disparu. Quant à elle, qui ne s’était jamais occupée d’affaires, elle n’en savait pas plus que lui. Il eut beau insister et lui demander quelques renseignements sur les possessions antérieures de ses parents, elle lui répondit vaguement que son grand-père, le baron van Wijnbergen avait émigré, avec Guillaume V, en Angleterre où il avait servi, en qualité de chef d’escadron, dans l’armée du Duc d’York. On raconta, dans le temps, qu’il vivait gaîment avec les membres émigrés de la famille des Stadhouder. Ce fut probablement une des causes de sa ruine. À Waterloo, il tomba, dans une charge faite par les hussards de Boreel. Rien de plus touchant, ajoutait Tine, que les lettres de son père, jeune homme de dix-huit ans, à cette triste occasion. Son père, lieutenant dans le même régiment, reçut dans cette charge, un coup de sabre sur la tête, des suites duquel il mourut huit ans après, en état de démence. Dans ces lettres, écrites à sa mère, la baronne, veuve du chef d’escadron, il se désolait d’avoir cherché vainement le corps de son père, sur le champ de bataille.

Du côté maternel, Tine se rappela que son grand-père menait grand train, et elle crut se souvenir qu’il était propriétaire des postes aux chevaux, en