Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/154

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— Il n’a rien que son traitement dont on retient une partie, pour solder une avance que le gouvernement lui a faite, lorsqu’il… savez-vous cela ?

— Oui, je le sais.

— Lorsqu’il voulut faire bâtir une nouvelle mosquée, ce qui demandait beaucoup d’argent. En outre, plusieurs membres de sa famille… avez-vous entendu parler de cela ?

— Oui, monsieur.

— Plusieurs membres de sa famille — dont l’origine n’est pas de Lebac, et qui, par conséquent, n’est pas bien vue du peuple — l’entourent, vraie bande de voleurs, et le contraignent à leur remettre les fonds qu’il touche… Est-ce vrai ?

— Oui ! soupira Dipanon.

— Et quand sa caisse est vide, ce qui arrive souvent, ils prennent, en son nom, au peuple, ce qui leur convient… Est-ce ainsi ?

— Oui, c’est ainsi !

— Je suis donc bien renseigné ! Nous reviendrons là-dessus, plus tard. Le Prince-Régent, qui commence à vieillir, craint la mort. Depuis quelques années, il brûle du désir de se rendre agréable à Dieu par des donations aux prêtres. Il dépense énormément en frais de voyages pour les pèlerins qui se rendent à la Mecque et qui le paient, à leur retour, en lui apportant toute sorte de chiffons, de niaiseries, des reliques, des talismans, et des professions de foi tombées du ciel ; n’est-ce pas ainsi que cela se passe ?

— Oui ! C’est vrai !

— Eh bien ! voilà la cause de sa pauvreté. Le chef du district Parang-Koudjang est son gendre. Là, où le Prince-Régent, pour ne pas faillir à son rang, n’ose faire main basse, lui-même, ce chef de