on me demande pourquoi ma fille est restée si longtemps dans votre jardin ! Vous comprenez pourtant bien que nul ne me croira, quand je dirai qu’elle y est allée rendre visite à ces fleurs de lotus, qui, selon vous, l’attendaient depuis si longtemps ! Tout homme raisonnable me rirait au nez si je lui racontais que Marie est là-bas, dans ce jardin rouge…
— Pourquoi rouge, d’abord, plutôt que jaune ou violet ? — pour écouter le babil ou le roucoulement de mesdemoiselles les pensées, ou bien les contes bleus que mesdames les roses se murmurent à l’oreille.
Mais si cela était !… Si c’était croyable, tout cela ! À quoi servirait-il à ma fille d’être dans ce jardin, puisque les roses causent si bas entre elles que ma fille n’entendrait rien de ce qu’elles se disent !
Mensonges ! mensonges stupides !… bêtes et laids ! Oui.. laids !
Dessinez une rose avec une oreille, et regardez la belle figure qu’elle fera !
Et ces contes parfumés ? Que sentent-ils donc !
Si je vous disais, tout cru, tout nu, ce qu’ils sentent… vous seriez, ma foi, joliment penaud. Mais je ne le dirai pas !
» Là, accourent en sautillant, l’oreille tendue,
Les gazelles pudiques et éveillées ;
Et dans le lointain murmurent
Les ondes du fleuve sacré.
Là, nous nous étendrons,
Sous l’ombre d’un palmier,
Pour y goûter le repos et l’amour,
Et pour y faire des rêves de bonheur ! »
— Ne pouvez-vous aller au jardin zoologique Artis, dont je suis un des principaux membres, si