Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il soupirait sans cesse, s’écriant :

Je voudrais être roi !

Et l’ange redescendit du ciel, lui disant :

— Qu’il soit fait selon votre désir !

Et il fut roi. Devant et derrière son carrosse chevaucha une nuée de cavaliers, et il se pavana sous le dais d’or.

Mais le soleil rayonnait, brûlant la terre, et desséchant l’herbe des prés.

Le roi se plaignit de ce que le soleil lui brûlait le visage, et de ce qu’il avait une plus grande puissance que la sienne. Et il n’était ni plus content, ni plus heureux.

Il soupira de nouveau, s’écriant :

— Je voudrais être le soleil !

Et l’ange redescendit sur la terre lui disant :

— Qu’il soit fait selon votre désir !

Le roi devint soleil. Il lança ses rayons en haut, en bas, à droite, à gauche, partout. Il dessécha l’herbe des prairies, il brûla le visage des rois. Mais, un nuage intercepta sa lumière, et ses rayons rebondirent sur le nuage.

Alors, il entra en fureur, en face de cette résistance, et il maudit le nuage qui était plus fort que lui. Il n’était, derechef, ni content, ni heureux. Il voulait avoir la puissance, et la force de ce nuage.

l’Ange redescendit, et lui dit encore :

— Qu’il soit fait selon votre désir.

Il devint nuage, et se plaça entre le soleil et la terre ; il intercepta les rayons du soleil, et l’herbe reverdit.

Mais, le nuage se fondit, il devint goutte, il devint pluie, et ses eaux firent enfler les rivières, et ses tourbillons enlevèrent les troupeaux, et sa masse