Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/244

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l’armée touche sa solde sur l’encaisse de Natal ; — et j’aurais retrouvé sur-le-champ cette erreur, en faisant mes recherches, in loco. Evidemment j’aurais mis le doigt sur l’origine de ces fautes regrettables.

Mais, le général refusa de me laisser partir pour Natal.

Ce refus me mit encore plus sur mes gardes ; et je trouvai encore plus bizarre la façon dont cette accusation d’infidélité avait été lancée contre moi. Pourquoi donc, dès qu’on me soupçonnait, dès qu’on m’accusait de mauvaise gestion, m’avait-on fait quitter Natal si précipitamment ? Pourquoi avait-on pris des façons si patelines, si faussement bienveillantes, à mon égard ?

Pourquoi ne me donnait-on connaissance de cette accusation déshonorante, qu’au moment où je me trouvais dans l’impossibilité de me justifier, étant loin du lieu où le soi-disant délit avait été commis ? Et surtout, comment se faisait-il, qu’en dehors de toute habitude et de toute justice, on eût présenté cette affaire sous le jour le plus défavorable pour moi ?

Mais, avant d’avoir pu essayer de me défendre, faute de pièces justificatives ou de renseignements verbaux, j’appris indirectement que le général était dans une violente colère contre moi, à cause des désagréments que je lui avais suscités à Natal, ce qui, ajoutait-on, était un grand tort, et une forte maladresse de ma part.

Le jour se fit, pour moi. Certes, je lui avais été très désagréable ; mais, je ne l’avais été, que, naïvement convaincu de ne pas démériter dans son estime. Je l’avais contrarié ; mais, au moment de son départ rien n’avait pu me faire deviner qu’il fût si fort irrité à cause de cela ; et, niais que j’étais, j’avais