Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/253

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grossières pour faire brèche à votre sensibilité ; c’est justice ; mais, si votre auteur, passant du blanc au noir, s’écarte trop de son sujet, perd de vue son point de départ, vous promène dans un labyrinthe de maniérisme, alors, vous pestez dix fois plus après lui… et cela, à bon droit ; il vous ennuie, ce qui est impardonnable.

Si, dans une promenade que nous faisons ensemble, vous vous écartez, à tous moments, de notre route, si vous m’appelez et me forcez de vous suivre dans des taillis, dans des broussailles, dans l’unique but d’allonger la dite promenade, vous me permettrez bien de ne pas trouver le procédé agréable ; soyez même sûr qu’à la première occasion je m’empresserai de vous planter là, bel et bien, et d’aller me promener tout seul.

Mais si, sur la route, vous me faites découvrir une plante inconnue, ou tout autre chose ayant échappé à mon observation, et devant m’apprendre quoique ce soit, si vous me montrez, par-ci par-là, une fleur curieuse, si cette fleur est bonne à cueillir, et à parer ma boutonnière, je vous pardonne cet écart du vrai chemin ; ma foi, oui, je vous en suis même reconnaissant.

Et quand il ne se rencontrerait, sous nos pas, ni fleur nouvelle, ni plante inconnue, appelez-moi, indiquez-moi à travers la forêt, le sentier que nous prendrons tout-à-l’heure, sentier qui pour le moment serpente comme une ligne à peine visible à travers les champs, dans la vallée, et je ne prendrai certes pas en mal votre invite… En fin de compte, une fois que nous serons parvenus à ce but lointain, je saurai à quoi m’en tenir sur la route serpentine que nous venons de suivre ; je comprendrai comment