Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/279

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Pourtant, il y avait à Lebac un inconvénient qui la chagrinait fort ; le petit Max ne pouvait pas jouer dans le jardin, tant il s’y rencontrait de serpents.

Dès qu’elle s’en aperçut, elle s’en plaignit à Havelaar, qui promit une prime à ses serviteurs pour chaque reptile détruit.

Mais, le premier jour il eut tant de primes à payer, qu’il se vit forcé de revenir sur sa promesse ; car même sans tenir compte de leurs projets d’économie, en ne prenant en considération que la vie de chaque jour le paiement de ses primes eût vite dépassé son traitement.

On décida que, dorénavant, le petit Max ne quitterait plus la maison, et que pour prendre l’air, il se contenterait de jouer dans la première galerie.

Malgré ces précautions, Tine était toujours inquiète, surtout le soir ; on sait que la plupart du temps, les serpents choisissent la nuit pour s’introduire dans les maisons, où ils trouvent la chaleur, qui leur est nécessaire, en se cachant dans les chambres à coucher.

Les serpents, et autres animaux de même nature, ne se rencontrent pas partout, aux Indes ; mais dans les chefs-lieux où la population est plus amoncelée, ils sont plus nombreux que dans les localités isolées, comme l’était celle de Rangkas-Betoung.

Or, si Havelaar avait pris le parti de faire arracher l’ivraie de son esplanade, jusqu’aux bords du ravin, quoiqu’il eût été impossible de faire disparaitre radicalement ces hôtes gênants, ils ne se seraient pas montrés en si grand nombre.

L’instinct de ces animaux leur fait préférer les ténèbres où ils se cachent facilement, à la clarté des plaines découvertes.

Donc, si l’esplanade de Havelaar avait été tenue