Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/282

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Rappelez-vous le conte, dans lequel un roi puissant ne voulait pas qu’on négligeat le paiement d’un grain de sel, pris par lui dans un de ses repas, lors d’une tournée qu’il faisait dans son royaume, à la tête de son armée, prétendant que cette petite injustice en engendrerait d’autres plus grandes, qui pourraient ruiner en même temps ses sujets et son propre royaume.

Ce roi, ce monarque s’appelait-il Timourleng, Noureddin ou Djengis-Kan, peu importe !

Est-ce une fable ? Est-ce une histoire ? peu importe encore.

Le fait est d’origine asiatique, et je tiens pour certain qu’il a dû avoir lieu.

La vue d’une digue fait penser à la possibilité de la marée haute.

Il faut donc accepter la vraisemblance d’une décision pareille, dans les pays où de si grands abus nécessitent de si grandes leçons.

Les travailleurs, mis à la disposition de Havelaar, en toute légalité, ne suffisaient pas seulement pour arracher l’ivraie, et les mauvaises herbes dans le coin de son esplanade, attenant immédiatement à son habitation. Tout le reste se retrouva, en peu de semaines, à l’état sauvage.

Havelaar s’adressa au préfet, pour aviser.

Il demanda soit un supplément de solde, soit l’autorisation de faire travailler les galériens, internés dans la préfecture de Bantam ou dans les environs.

Il reçut un refus pour toute réponse !

On voulut bien cependant l’informer qu’il avait le droit de mettre en corvée, sur son esplanade, tous les individus condamnés par lui par mesure de police, aux travaux attenant à la voie publique.