Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/285

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pas lieu de croire que ce haut fonctionnaire pouvait prendre parti pour les concussionnaires.

Une telle façon d’agir, dans le sens donné par Havelaar, n’était pas présumable ; il était évident que le préfet ne pouvait pas vouloir tirer avantage ou profit de ces infractions et de ces délits.

Pourtant, il y avait bien un motif qui le déterminait à ne faire droit, qu’à son corps défendant, aux plaintes du prédécesseur de Havelaar.

Nous avons vu que ce dernier avait souvent mis sous les yeux du préfet les abus régnants, et que cela ne lui avait pas servi à grand’chose.

Il n’était donc pas sans intérêt d’examiner pourquoi un fonctionnaire, qui, comme le préfet, autant que le sous-préfet, et peut-être plus que ce dernier, était tenu de faire respecter la loi, préférait continuellement l’entraver dans sa marche.

Dans le temps, lors de son passage à Serang, Havelaar lui avait parlé des abus de Lebac, et il en avait reçu pour réponse :

— Bah ! c’est comme ça partout… un peu plus… un peu moins !

Havelaar ne put lui soutenir le contraire. Nul ne prétendra avoir parcouru un pays où il ne se passe jamais rien de mal.

Mais il trouvait que ce n’était pas une raison pour laisser subsister des abus, là où on les rencontrait ; surtout quand on était appelé à s’y opposer.

Et comme il arguait qu’après tout ce qu’il savait de Lebac, il n’était pas question du plus ou du moins, mais bien d’une exagération réelle de ces abus, le préfet lui avait répliqué, entre autres choses :

— Dans le district de Tjiringien, appartenant aussi à la régence de Bantam, c’est cent fois pis encore ?