Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En un mot, les informations officieuses adressées par les fonctionnaires au Gouvernement, et les rapports, basés sur ces informations, et expédiés par le Gouvernement à la mère-patrie, sont pour la plus grande partie, des tissus de mensonges.

Cette accusation est grave, je le sais ; mais je la maintiens et je la soutiendrai.

Si quelqu’un me blâme et m’en veut de cette franchise, qu’il réfléchisse et qu’il se rappelle la grande quantité de millions et d’hommes que l’Angleterre n’aurait pas perdus, si elle avait ouvert les yeux à temps sur le véritable état des choses, dans les Indes anglaises !…

Quelle eût été la reconnaissance de cette nation pour l’homme qui aurait eu le courage de lui apprendre la vérité, avant qu’il fut trop tard pour éviter le mal, et pour empêcher le sang de couler !

Je prétendais plus haut qu’il me serait facile de soutenir mon accusation.

Je prouverai, si besoin en est, que souvent la famine règne dans ces contrées, citées pour leur étonnante fertilité ; je prouverai aussi que, la plupart du temps, quand on rapporte que la population vit contente et tranquille, elle est sur le point de se révolter.

Mon intention n’est pas de mettre les preuves de mes accusations sous les yeux de mes lecteurs, mais, je l’espère, ils ne fermeront pas ce livre sans être convaincus que ces preuves existent.

Pour le moment, je me bornerai à mentionner un autre exemple partiel de l’optimisme ridicule dont j’ai parlé plus haut, un exemple qui sera compris par tout le monde, qu’on soit au courant ou non des affaires des Indes.