Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/292

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au-dessus des faveurs du Gouvernement, au-dessus de la satisfaction du Gouverneur-général !

Où seront-ils ces lâches rapporteurs qui aveuglèrent les yeux du pouvoir, à l’aide de leurs mensonges ?

Voleront-ils aux armes, eux, qui autrefois n’avaient seulement pas le courage d’étaler des lignes fermement conçues sur une feuille de papier !

Conserveront-ils les possessions à la Hollande ? les défendront-ils seulement !

Rendront-ils à la mère-patrie les millions nécessaires à l’extinction des troubles, aux mesures à prendre pour empêcher une révolution !

Rendront-ils l’existence à tant de milliers d’hommes, tombés, par leur faute !

Et ces fonctionnaires, contrôleurs et préfets ne sont pas les plus coupables.

Le vrai coupable n’est autre que le Gouvernement, qui, frappé d’une cécité incompréhensible provoque et récompense des rapports mensongèrement favorables !

Et ces abus ont lieu principalement où les chefs indigènes oppriment directement la population.

Bien des gens attribuent la protection dont jouissent les chefs à un calcul ignoble.

Ils ont, disent-ils, besoin d’étaler un grand luxe, il leur faut un somptueux attirail de pompe et de splendeur, pour maintenir haut et ferme leur prestige et leur influence sur la population ; cette influence est en même temps nécessaire au Gouvernement. Or, pour cela, leurs appointements sont loin de suffire ; il leur serait donc complètement impossible de tenir leur rang, si on ne leur laissait la liberté de combler ce vide par la disposition illégitime des possessions et du travail de cette même population.