Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/296

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toute confiance, parce que vous n’avez plus besoin de chercher la place où vous devez accrocher la corde qui fera tomber sa statue.

Il y a long temps qu’on l’a descendue, de son piédestal.

En attendant, au risque de paraître bien décousu, je vais vous mettre sous les yeux quelques vers, écrits par lui, qui rendront peut-être superflus les témoignages invoqués.

Un jour Max se trouvait loin, bien loin de sa femme et de son enfant.

Il avait dû les laisser aux Indes.

Il était en Allemagne.

Avec la facilité que je lui reconnais, facilité dont je ne prends pas la défense, si on la lui impute à crime, il s’appropria la langue de ce pays dans lequel il venait à peine de séjourner quelques mois.

Voici le sens exact de ces vers retraçant la force des liens, qui l’attachaient aux siens.


» Mon enfant, voilà neuf heures qui sonnent ; écoute !
Le vent de la nuit siffle, et l’air se refroidit,
Il se refroidit trop pour toi peut-être ; ton front est brûlant.
Tu as joué toute la journée, avec tant d’ardeur,
Et tu es bien fatigué, viens, ta natte t’attend.
— Ah ! maman, laisse moi encore un moment
Il est si doux de se reposer ici… et là-bas,
Dans la maison, sur ma natte, je m’endors tout de suite,
Et je ne sais même pas ce que je rêve. Ici,
Je puis te dire, aussitôt, ce que je rêve,
Et demander ce que mon rêve signifie… écoute,
Qu’est-ce que c’est que ça ?
_____— C’est une noix de coco, qui vient de tomber là.
— S’est-elle fait mal, la noix de coco ?
__________________— Je ne crois pas,
On dit que les fruits et la pierre ne ressentent rien.