Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/301

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Prince-Régent ; ils savaient à merveille que plus tard le Prince-Régent les rétribuerait largement !

Oui, ils avaient porté plainte… mais ils avaient agi de la sorte, dans un moment d’égarement, de folie… et ils demandaient humblement qu’on les punisse pour ce manque inconcevable de respect ! »

Ce préfet savait parfaitement à quoi s’en tenir sur le retrait de ces plaintes ; mais ce retrait ne lui en fournissait pas moins une belle occasion de maintenir le Prince-Régent dans sa place et dans ses honneurs, et l’ennuyeuse tâche d’incommoder le Gouvernement, avec un rapport défavorable, lui était épargnée.

Les malheureux qui avaient eu la témérité de se plaindre étaient récompensés à coups de bâton ; le Prince-Régent triomphait, et le préfet retournait à son chef-lieu avec la satisfaction d’avoir encore une fois bien mené cette affaire.

Mais, à présent, que devait faire le sous-préfet, quand, le lendemain, d’autres plaignants venaient s’adresser à lui ? ou, ce qui arrivait souvent, quand les mêmes plaignants revenaient à la charge et révoquaient leur révocation ?

Devait-il encore inscrire cette affaire à l’ordre du jour, et rentrer en relations directes avec le préfet, pour voir rejouer la même comédie, au risque de passer à la longue pour un imbécile, revenant sans cesse sur des accusations regrettables et mal fondées ?

Et que deviendraient alors ces relations amicales, si nécessaires entre le principal chef indigène et le premier fonctionnaire européen. Si celui-ci prêtait continuellement l’oreille aux sottes plaintes portées contre celui-là ?