Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/317

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Or, quand la nomination au rang de Gouverneur-général, porte, la plupart du temps, en elle-même les principes corrupteurs de l’homme exceptionnel, qui se recommande par la hauteur de ses vues et la noblesse de ses sentiments, que nous faut-il donc attendre de la part de fonctionnaires, qui, avant cette nomination, étaient les esclaves de leurs défauts ou de leurs vices !

En admettant même que le Roi soit toujours bien renseigné, avant d’apposer son seing sur l’acte déclarant qu’il est convaincu de la bonne foi, du zèle, et des capacités de son futur lieutenant, en supposant que le nouveau vice-roi soit zélé, fidèle et capable, il reste encore à savoir si ce zèle et ces capacités, existent en lui à un degré tellement en dehors du commun des martyrs, qu’il se trouve en mesure de satisfaire aux exigences de sa nouvelle situation.

En effet, peut-on certifier qu’un homme, qui, pour la première fois de sa vie, quitte La Haye et le cabinet du Roi, pour passer Gouverneur-général, possède, à ce moment-là, les qualités indispensables, dans l’accomplissement de ses nouvelles fonctions ?

C’est impossible, quelle que soit la confiance qu’on ait en ses capacités !

Tout au plus, peut-on espérer que dans une sphère d’action, toute neuve pour lui, il fasse par induction ce qu’il n’a pu apprendre à La Haye !

En d’autres termes, il faut souhaiter que ce soit un génie, un génie sachant, et pouvant, tout à coup, ce qu’il ne savait pi ne pouvait.

De pareils génies sont rares, même parmi les favoris des Rois.

Dès que je parle de génie, il est évident que je