Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/319

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pour parler plus clairement, qu’un fonctionnaire acceptant, sans penser à s’enrichir, une botte de bananes de la valeur de quelques centimes, dans la première période de la maladie, sera chassé honteusement et scandaleusement ; mais que si ce même fonctionnaire a la patience d’attendre jusqu’à la deuxième période, il pourra, tranquillement et sans redouter l’ombre d’un châtiment, se rendre maître de la bananerie des jardins avoisinants, des maisons faisant suite aux jardins, et de ce qui se trouve dans ces maisons, et de tout ce qui lui plaira en plus, ad libitum, selon son bon plaisir !

Chacun à le droit de profiter de cette observation pathologico-philosophique, et de garder mon conseil, dans le fond de ses tiroirs, par crainte d’une trop nombreuse concurrence.

Que maudits soient l’indignation et le chagrin, qui revêtent si souvent les guenilles de la satire !

Maudite aussi, la larme qui pour être comprise, doit gambader sur une grimace !

Est-ce par la faute de mon ignorance que je ne peux pas dépeindre la profondeur de la plaie qui ronge le Gouvernement, sans voler son style à Figaro, ou sans dévaliser Polichinelle ?

Du style !… oui-dà !

Devant moi, j’ai là, sous les yeux, des articles où il y en a… du style !… et du style, signalant la présence d’un homme, dans le voisinage !

Cet homme valait bien la peine qu’on lui tendît la main !

À quoi t’a-t-il servi, le style, pauvre Havelaar ?

Tu ne traduisais pas tes pleurs par des grimaces ! Tu ne raillais pas ! Tu ne cherchais pas à briller par la bizarrerie et la bigarrure de tes couleurs !