Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/320

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Tu ne faisais pas le paillasse de foire devant ta tente !

À quoi cela a-t-il servi ?

Si je savais écrire comme lui, j’écrirais autrement que lui.

Du style !… vous souvient-il de la façon dont il parla aux chefs réunis ?

À quoi cela lui a-t-il servi ?

Si je savais parler comme lui, je parlerais autrement que lui.

À bas langue consciencieuse ! À bas, douceur, franchise, clarté, sentiment et simplicité ! À bas tout ce qui rappelle l’homme juste et ferme d’Horace !

Ici, des trompettes et des clairons qui s’entendent d’une lieue ! là des coups de tam-tam, et des pétards qui vous partent dans les jambes ! jouez faux, mais jouez fort !

Puis, par-ci, par-là qu’un mot de vérité, se glisse, timide, tremblant, par contrebande, dans ce concert abrutissant de grosse-caisse et de cymbales !

Du style !… Il en avait, du style !

Il avait trop de cœur pour noyer ses idées dans les : J’ai l’honneur de… et les : Excellence… ou bien : La considération respectueuse avec la quelle… et autres platitudes, qui font le bonheur du microcosme, du petit monde où il vivait !

Quand il écrivait, en lisant ce qu’il écrivait, vous sentiez un frémissement, qui vous faisait comprendre que des nuages précurseurs de la tempête planaient sur votre front !

Ce n’était pas le grondement du tonnerre en fer blanc, qui sert dans les coulisses d’un théâtre !

Il jaillissait des étincelles de ses idées, et l’on en sentait la chaleur, à moins d’être né commis ou Gou-