Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/328

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coulant de ce partage, on peut calculer la distance qui existe entre des races si distinctes l’une de l’autre, et de plus, séparées par la mer.

L’Européen qui ne connaît que Java, dans les Indes Hollandaises, ne peut pas plus se former une idée juste du Malais, de l’Amboinois, du Battah, de l’Alfour, du Timonois, du Dajak, du Bougi, ou du Macassarois, que s’il n’avait jamais mis le pied hors de l’Europe.

Donc, pour quiconque s’est trouvé à même d’observer la différence existant entre ces races nombreuses, il est toujours intéressant, que cet intérêt se traduise par du plaisir ou par de la tristesse, il est intéressant, dis-je, d’écouter les entretiens et de lire les écrits des personnes ayant appris ce qu’elles savent des affaires des Indes, à Batavia, ou à Buitenzorg.

Que de fois je suis resté stupéfait de l’aplomb et du courage avec lequel un ci-devant Gouverneur-général, par exemple, parlant à la chambre des députés de Hollande, essayait de donner une grande importance à ses discours, sous prétexte qu’il connaissait les Indes comme le fond de ses poches, par suite d’un long séjour dans le pays, et d’une expérience à toute épreuve.

Je mets très haut l’expérience acquise, grâce à d’incessantes études de cabinet ; parfois, même, j’ai été frappé des connaissances étendues des affaires indiennes qu’étalaient plusieurs de ces orateurs, sans avoir jamais mis le pied aux Indes.

Mais, dès qu’un ci-devant, ou un ex-gouverneur-général, si vous voulez, donne des preuves d’une expérience, acquise dans de pareilles conditions, je lui accorde toute mon estime, bien mince salaire