Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/340

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Je me suis montré si rigoureux parce que, dans les derniers temps, — je ne sais si cela vient de Stern — j’ai observé en elle des idées rompant en visière à la moralité, qui, passe avant tout, aux yeux de ma femme et aux miens.

Par exemple, entre autres choses, je lui ai entendu chanter une chanson française, — de Béranger, je crois — dans laquelle il plaint une pauvre vieille mendiante, qui, dans sa jeunesse, chantait sur un théâtre quelconque !

Hier, au déjeuner, elle est arrivée sans corset ! — c’est de Marie que je parle ! — est-ce une tenue convenable ?

Je dois avouer aussi que Frédéric, à son retour de la prière, n’a pas rapporté grand’chose de bon à la maison.

J’avais été assez satisfait de sa tenue à l’Église. Il s’y était tenu tranquille, immobile, et sans détourner les yeux de la chaire.

Seulement, plus tard il m’est revenu à l’oreille qu’Elisabeth Rosemeyer se trouvait placée tout au-dessous du prédicateur.

Je n’ai fait aucune observation, sachant qu’on ne doit pas se montrer trop sévère pour les jeunes gens ; d’ailleurs les Rosemeyer sont des personnes comme il faut. Ils viennent de doter convenablement leur fille aînée, qui s’est mariée avec un droguiste, nommé Bruggeman ; et je crois, que Frédéric ne va plus au marché de l’Ouest, à cause de quelque chose de semblable qu’il s’est mis en tête.

Cela m’est agréable, faisant passer la moralité avant tout.

Je ne suis, néanmoins, pas très gai de voir Frédéric s’endurcir le cœur comme un vrai Pharaon !… Et