Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/347

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le musée Mauritshuis ; je me suis mis en contact avec toutes les classes de la société.

J’ai vu passer le ministre des finances, dans sa voiture, et nous avons acheté tous les deux — ma femme et moi — de la flanelle dans la rue des Tourbières, et je ne me suis nullement aperçu qu’on se plaignît du Gouvernement.

La dame du magasin avait l’air joyeux et se portait comme un charme ; et lorsqu’en 1848 un maladroit prétendit, devant moi, qu’à la Haye tout ne marchait pas droit, je ne me gênai pas, à la réunion, pour dire ma façon de penser ! Je vous prie de croire qu’on abonda dans mon sens ! Chacun savait que je ne parlais que de ce que j’avais vu de mes propres yeux.

À notre retour, le conducteur de la diligence fit retentir trois ou quatre fanfares triomphantes, sur sa trompette, et, certes, il n’aurait pas agi de la sorte, s’il avait eu un motif de mécontentement.

J’ai donc tout observé, et j’ai su, en 1848, immédiatement à quoi m’en tenir sur ces murmures intempestifs.

En face de nous demeure une dame dont le cousin tient une boutique aux Indes.

Si tout allait aussi mal que Stern le prétend, elle en saurait bien quelque chose ; et pourtant elle est enchantée de la manière dont marchent les affaires, puisque je ne l’ai jamais entendue se plaindre.

Au contraire, elle raconte que son cousin habite là-bas une maison de campagne, qu’il est membre du consistoire, et qu’il lui a envoyé un porte-cigares en plumes de paons ; ce porte-cigares, il l’avait fait lui-même, avec des bambous.