Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/377

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Tout en trébuchant sur des bambous à demi-pourris, et sur les débris du toit écroulé, il se fraya un passage vers le sanctuaire qu’il cherchait.

En effet, il retrouva quelques bribes de la clôture, près laquelle se trouvait placé le lit d’Adenda. Dans cette clôture se voyait encore plantée la cheville de bambou, qui, le soir, lui servait à suspendre sa robe.

Mais, le lit s’était effondré, comme la maison ; il était presque réduit en poussière.

Saïdjah en prit une poignée qu’il pressa contre ses lèvres ouvertes, et il l’aspira avec délices.

Le lendemain, il demanda à la vieille femme, qui l’avait soigné, où se trouvait le billot à piler le riz dont on se servait chez Adenda.

Son hôtesse se réjouit de l’entendre parler ; elle parcourut le village à la recherche du billot.

Lorsqu’elle revint indiquer à Saïdjah le nom du propriétaire, le jeune homme la suivit en silence ; il vit le bloc, le reconnut, et il y compta trente deux marques.

Alors, il donna à la vieille autant d’or qu’il en fallait pour acheter un buffle, et il quitta Badour.

à Tjilang-Kahan, il acheta une pirogue de pêcheur ; quelques jours après avoir mis à la voile, il arrivait à Lampong où se tenaient les insurgés, en révolte ouverte contre le Gouvernement. Il entra dans une bande de Bantammois, non pas tant pour se battre, que pour chercher Adenda.

C’était une nature douce, plus encline à la mélancolie qu’à la haine…

Un jour, que selon l’usage, les insurgés avaient été encore battus, Saïdjah rôdait dans un village, qui venait d’être conquis par l’armée hollandaise,