Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/378

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et qui par conséquent se trouvait la proie des flammes.

Il savait que la bande détruite se composait pour la plus grande partie d’insurgés Bantammois.

Semblable à un fantôme errant, il traversait les maisons, qui n’étaient pas encore entièrement brûlées.

Dans une de ces maisons, il trouva le corps du père d’Adenda. Le misérable gisait, la poitrine trouée par un sabre-baïonnette.

Près de lui, dormaient du sommeil de la mort, les trois frères d’Adenda, de tout jeunes gens, presque des enfants, assassinés, massacrés !

Un peu plus loin Saïdjah retrouva Adenda !

Mais… Adenda était nue…

Son cadavre avait subi les derniers outrages….

Un petit morceau de mousseline bleue était enfoncée dans la plaie béante, qui lui déchirait le sein ; cette horrible blessure semblait avoir mis fin à une lutte désespérée..,

Alors Saïdjah sortit de cette funeste maison… il alla au-devant de quelques soldats, qui s’amusaient à repousser dans les flammes les deux ou trois insurgés survivants, qui cherchaient à fuir ce village changé en bûcher ; il s’élança sur eux, les bras ouverts, étendus, et il s’empara du plus grand nombre de sabres-baïonnettes qu’il put saisir.

Toutes ces armes cherchaient son cœur.

Mais Saïdjah ne recula pas d’une semelle.

Ce furent les soldats, qui reculèrent. Oui, son suprême effort les fit reculer, dans l’instant même où les gardes de leurs sabres-baïonnettes s’entrechoquaient dans sa poitrine.

Peu de temps après, on donna une grande fête à