L’allégorie du semeur est-elle un mensonge, parce qu’il est difficile de trouver un cultivateur, qui sème sur un rocher ?
Ou, pour prendre un exemple se rapprochant plus de mon livre, osera-t-on nier la vérité du sujet capital de la case de l’Oncle Tom, parcequ’il n’a jamais existé d’Evangéline ?
Dira-t-on à l’auteur de ce plaidoyer immortel, — immortel non pas au point de vue de l’art ou du talent, mais, au point de vue du but à atteindre, et de l’effet produit, — lui dira-t-on : » Vous en avez menti ; les esclaves ne sont pas maltraités, comme vous le prétendez. Votre livre n’est qu’une fiction, qu’un pur roman ! »
Mistress Beecher Stowe ne devait-elle pas, au lieu d’une simple énumération de faits, composer un récit, qui les coordonnât pour les faire pénétrer dans le cœur, et la mémoire de ses lecteurs ?
Son livre aurait-il été lu, si elle lui avait donné la forme d’un procès-verbal ?
Est-ce sa faute ou la mienne, si, pour être acceptée, la vérité se voit forcée de revêtir la forme de la fiction ?
À ceux, qui prétendront que j’ai trop idéalisé Saïdjah, et son amour, je demanderai comment ils savent cela ! Y a-t-il donc tant d’Européens, qui se soient donné la peine de s’abaisser jusqu’à observer les émotions de ces machines à sucre, et à café, qu’on appelle des indigènes !
En admettant même que cette remarque-là fût fondée, celui, qui s’en servirait comme d’un moyen probant contre le but principal de mon livre, me donnerait gain de cause.
Le mal que vous attaquez, me dirait-on, n’existe