Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/387

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Havelaar fit appeler le contrôleur.

En attendant il écrivit au médecin de Serang, lui demandant de lui adresser un rapport sur les symptômes, et les détails de la mort de Sloterin. La réponse du médecin ne s’accorda en rien avec les soupçons de la veuve. Suivant lui, Sloterin était mort d’un abcès au foie.

Il me semble qu’une telle maladie ne se manifeste pas si subitement, et n’occasionne pas la mort d’un homme en quelques heures.

Je crois aussi qu’il faut prendre en considération la déclaration de madame Sloterin, certifiant que jusques là son mari s’était toujours bien porté.

Mais, quand même on n’attacherait pas d’importance à cette déclaration, les personnes, qui n’ont pas étudié la médecine ne pouvant se faire une idée juste de la santé d’un sujet quelconque, il resterait toujours à résoudre la question suivante :

— Un homme, qui meurt, aujourd’hui, d’un abcès au foie, était-il capable, hier, de monter à cheval, pour faire une tournée d’inspection dans une contrée montagneuse, où il y a parfois des distances de vingt lieues à parcourir ?

Le médecin, qui soigna Sloterin, peut, tout en étant un habile praticien, s’être trompé sur l’appréciation des phénomènes de la maladie, surtout en considérant qu’il n’avait nul soupçon de crime ni d’empoisonnement.

Somme toute, je ne chercherai pas à prouver que le prédécesseur de Havelaar soit mort par le poison, puisqu’on n’a pas laissé à ce dernier le temps de tirer la chose au clair. Mais, je suis en mesure de prouver que son entourage le croyait parfaitement empoisonné, et que ce soupçon était basé sur le désir