Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/401

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Java — et que pour l’entretenir il fallait bien une centaine de personnes.

Mais, — et cela prouve comme ils étaient aimés ! — ces gens faisaient ça entièrement pour rien, uniquement par affection pour eux.

Ils racontaient aussi, qu’à leur départ la vente de leur mobilier avait bien rapporté dix fois sa valeur, les chefs indigènes tenant à acquérir, à garder un souvenir de tout préfet, qui s’était montré prévenant et bon pour eux.

Plus tard je dis cela à Stern, mais il prétendit que c’étaient là des cas de force majeure, et il s’offrit de me prouver qu’il avait raison, en s’appuyant sur des pièces contenues dans le paquet de l’Homme-au-châle.

Je lui répondis que ce misérable était une mauvaise langue, un calomniateur, qu’il avait enlevé des jeunes filles — tout comme le jeune allemand de Busselinck et Waterman — que je n’attachais nulle valeur à son jugement, puisque je venais d’entendre de la bouche même d’un préfet, comment les affaires marchaient là-bas, et que je n’avais rien à apprendre de l’Homme-au-Châle.

Il y avait là, aussi, d’autres personnes, qui revenaient des Indes, entre autres, un monsieur, très riche, qui avait gagné beaucoup d’argent dans le commerce des thés que les Javanais lui faisaient à bas prix, et que le Gouvernement lui achetait très cher, et cela uniquement pour encourager l’activité des Javanais.

Aussi, ce monsieur-là daubait-il fort sur tous les mécontents, qui parlent et écrivent contre le Gouvernement. Il ne cessait d’exalter l’administration des colonies, disant qu’il y avait beaucoup de perte pour elle sur les thés qu’on lui achetait à lui.