Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/409

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ces malheureux, par ma négligence, par ma forfaiture ou par mon esprit de transaction.

Je me repens de toutes les journées que j’ai laissé passer sans vous adresser mon rapport, et je vous demande pardon pour cette négligence.

Je prends donc la liberté de vous supplier de me mettre à même de vous prouver ce que j’ai avancé hier, et de m’empêcher de succomber dans ma lutte contre les vers rongeurs, qui, de mémoire d’homme, minent et sapent la prospérité du district de Lebac.

C’est pour cette raison, qu’en finissant la présente, j’ai l’honneur de vous demander votre approbation pour ma façon d’agir en cette occurrence — je parle de l’enquête, du rapport et du projet à vous soumis.

Somme toute, il s’agit d’éloigner le Prince-Régent de Lebac sans avertissement direct ou indirect, et de faire faire une enquête sur la communication contenue dans ma lettre d’hier, portant le n°. 88.

Le sous-préfet de Lebac,
Max Havelaar.

La demande de ne pas prendre les coupables sous sa protection, parvint au préfet, dans l’intervalle de temps qui s’écoula entre son départ de Serang et son arrivée à Rangkas-Betoung.

Une heure après son arrivée en cette ville il s’empressa de rendre une visite au Prince-Régent, et de lui poser les deux questions suivantes :

— Avec-vous quelque chose à reprocher au sous-préfet ?

et

— Vous, Prince-Régent, avez-vous besoin d’argent ?

À la première question, le Prince-Régent répondit

— Rien ! Je puis vous le jurer.

À la deuxième, il fit une réponse affirmative.