Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/417

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avant de recevoir la réponse du Gouverneur… mais nous n’en sommes pas encore là.

Peu de temps après la conférence où l’on fit tant d’efforts, si inutiles, pour déterminer Havelaar à retirer ses missives ou à trahir les malheureux qui avaient confiance en sa générosité, Dipanon entra chez lui, un beau matin.

Le pauvre homme était pâle comme la mort ; il pouvait à peine parler.

— Je suis allé chez le Prince-Régent, dit-il… c’est infâme !… mais ne me trahissez pas !…

— Qu’y a-t-il ? En quoi ne dois-je pas vous trahir ?

— Donnez-moi votre parole que vous ne ferez aucun usage des renseignements que je vais vous donner.

— Du demi-caractère… encore !… fit Havelaar… allons ! soit ! vous avez ma parole.

Alors Dipanon raconta, ce que le lecteur sait déjà, que le préfet était allé demander au Prince-Régent s’il avait quelque chose à reprocher au sous-préfet et qu’il lui avait, en même temps, offert, et remis, de l’argent.

Dipanon tenait cela du Prince-Régent lui-même, qui venait de lui demander quelles raisons le préfet pouvait avoir pour en agir de la sorte.

Havelaar ne pouvait contenir son indignation… mais, il avait donné sa parole.

Le lendemain, Dipanon revint, et lui dit que Declari lui avait fait comprendre qu’il était vraiment bas et vil de laisser ainsi Havelaar, tout seul et désarmé, au moment où il allait avoir à combattre de pareils adversaires.

Là-dessus Dipanon venait rendre sa parole à Havelaar.