Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/440

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pauvres et misérables créatures poussées à la révolte et à l’insurrection, par les souffrances et les mauvais traitements !…

Pour protester contre la lâcheté ignoble de circulaires avilissant l’honneur de la nation, circulaires invoquant la bienfaisance publique au profit des victimes de la piraterie chronique !…

C’est vrai !… ces insurgés étaient des squelettes affamés, et ces pirates sont des hommes capables de prendre et de porter des armes !…

Et, si l’on me refusait cette place ; si, pour continuer comme on a commencé, on ne voulait pas me croire, je traduirais mon livre dans les deux ou trois langues que je connais, et dans toutes celles que je pourrai apprendre, pour demander à l’Europe ce que j’ai vainement cherché en Hollande.

Et dans toutes les capitales seraient chantées des chansons ayant un refrain comme celui-ci :


Il est un État
Où vivent des corsaires !
Il est situé sur la mer,
Entre la Frise, et l’Escaut !


Et si cela ne servait à rien… je traduirais mon livre en malais, en javanais, en soundah, en alfour, en bougi, en batta…

Et je lancerais des chants de guerre, qui retentiraient dans les cœurs de ces pauvres martyrs… et feraient aiguiser leurs sabres !…

Je leur ai promis aide et protection, moi, Multatuli !…

Je leur ai promis secours et délivrance, légalement… cela se peut !…

Légitimement… cela se doit.