Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/448

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foi des hommes d’Etat minuscules auxquels la Hollande confie ses intérêts les plus chers ; en dépit de notre absurde constitution, qui prime le génie et le talent au profit de la médiocrité et de la nullité, qui écarte les esprits éclairés capables de guérir la pourriture rongeant ouvertement nos institutions, notre existence politique et l’Etat lui-même ; en dépit du nombre de coquins ayant intérêt à ce que l’injustice subsiste ; en dépit de la misérable et basse envie, qui décrie mon talent d’écrivain … n’est-ce pas ainsi qu’on me traite … eh bien ! non, messieurs les faiseurs-de-livres, qui voulez absolument voir en moi un collègue et un concurrent … non … je ne suis pas un écrivain…, je vous le jure ! en dépit de la calomnie la plus stupide, calomnie ne reculant devant rien, en fait de sottise et de grossièreté, pour obstruer et anéantir mon influence, en dépit, enfin, de la lamentable tiédeur de la nation, qui continue à supporter tout cela… je vaincrai.

Ces temps derniers, nous avons vu sortir de dessous terre quelques soi-disant écrivains, qui m’ont reproché de n’avoir rien fait, rien changé, rien amélioré, ou de n’avoir pas assez fait, changé, amélioré.

Je reviendrai, tout à l’heure, sur la source, qui a lancé de pareilles accusations.

Quant à la chose elle-même…, je reconnais pleinement que rien n’est amélioré, aux Indes ; mais… changé ?

Dès l’apparition de Max Havelaar, les individus, qui, grâce à notre pauvre système de bascule constitutionnelle, profitèrent de l’agitation produite par mon livre pour arriver au pouvoir, n’ont pas fait autre chose que changer.

N’était-ce pas cela que je demandais ?

Leur métier lui-même, leur métier de saltimbanques politiques les y força.

Cette bande de maltôtiers, dont une partie était incapable, et dont l’autre était malhonnête, cette bande, qui, après 1860, tomba en haut, grâce à son manque de pesanteur, comprit qu’il fallait faire quelque chose, tout en ne préférant pas faire le bien, ce qui, je le reconnais avec eux, leur aurait laissé un arrière-goût de suicide.

Rendre justice aux malheureux Javanais, mais, c’eût été exalter Max Havelaar, et pour la plupart d’entre eux, c’était se condamner soi-même.

Il fallait pourtant avoir l’air d’agir autrement que par le passé, et de suivre de nouveaux errements.