Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/459

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Alors, nous enlèverons vos filles,
Et chaque vierge nous servira de femme !
Alors, nous nous reposerons sur leurs seins blancs,
De l’alarme meurtrière, et des horreurs de la guerre.

Et quand leur déshonneur sera accompli,
Et que, lassé de leurs baisers,
Chacun de nous aura assouvi jusqu’à la satiété,
Son esprit de vengeance, et les appétits de sa chair,

Alors, nous nous asseoirons à un vaste banquet,
Et notre premier toast sera : Au boni des Indes !
Le second : À Jésus-Christ !
Et notre dernière coupe : À la Gloire du Dieu de la Hollande !

Et, quand le soleil se lèvera, à l’Orient,
Chaque Javanais s’agenouillera devant Mahomet,
Qui aura délivré le peuple le plus doux de la terre,
De ces chiens de chrétiens !


Le lecteur attentif, et intelligent, doit voir que le consciencieux Duchaume eut tort de s’indigner contre une pareille poésie.

Aussi Fransen van de Putte aurait-il pu déposer intégralement, et en toute sécurité, le décret du gouvernement par lequel le sieur Roorda van Eijsinga se vit envoyer en exil.

Sentot ne dit pas qu’il en sera ainsi forcément !

Non, il ne fait qu’avertir que cela arrivera, si les Hollandais, continuent à remplir leurs coffres-forts du fruit des sueurs de ses frères, et s’ils continuent à les fouler aux pieds.

Puis qu’il n’est pas présumable que ce cas se présente, — surtout après la fondation de la Société au profit des Javanais, et après tous les débats qui viennent d’avoir lieu à la Chambre, — la chose finira bien mieux que Sentot ne se le figura dans un accès de désespoir.

Mentionnons ici pour tous les lecteurs qui peuvent l’ignorer, que le pseudonyme Sentot rappelle avec assez d’-à-propos le souvenir de la dernière guerre de Java.

Sentot n’était pas autre chose que le nom de guerre de Alibassa Prawiro Dirdjo ; le chef suprême des rebelles ; nom dont le chauvinisme hollandais baptisa le parti de Diépo Negoro.

C’est une faute de traduction que commirent également les Espagnols