Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/95

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— Tenez le cheval de monsieur le commandant, ordonna Dipanon à l’un de ses domestiques. Bonjour, Declari, es-tu mouillé ?… Qu’as-tu tué ? »… Entre donc…

Un homme robuste, d’une trentaine d’années, à la tenue militaire, quoiqu’il ne portât pas l’ombre d’uniforme, entra. C’était le lieutenant Declari, commandant la petite garnison de Rangkas-Betoung. Dipanon et lui étaient liés d’amitié. Leur intimité était même si grande, que Declari venait de se mettre en quartier chez Dipanon, en attendant l’achèvement du nouveau fort. Il lui tendit la main, salua poliment le Prince-Régent, et s’assit en demandant :

— Qu’as-tu de bon ici ?

— Veux-tu du thé, Declari ?

— Mais non, j’ai assez chaud ! As-tu du lait de coco ? C’est plus rafraîchissant.

— Je ne t’en ferai pas donner. Quand on a chaud je crois le lait de coco très nuisible. Tu attraperais la goutte, ou tout au moins un bon rhumatisme. Vois les coolies qui transportent de lourds fardeaux au sommet des montagnes ; ils se gardent agiles et souples en buvant de l’eau chaude, ou une infusion de feuilles de cafier. Mais le thé de gingembre vaut encore mieux.

— Quoi ?… Du gingembre, des feuilles de cafier ? Jamais je n’en ai bu.

— Parce que tu n’as pas servi à Sumatra où l’on ne prend que ça.

— Alors, fais-moi donner du thé… mais pas de feuilles de cafier, ni de gingembre non plus… Oui, toi, tu as été à Sumatra, ainsi que le nouveau sous-préfet, n’est-ce pas ?

Cet entretien avait lieu en hollandais, idiome que