Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/112

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Prends garde à toi !… je te suis en chemin !

Uranie, de même.

Je m’appelle Uranie, et ma tête est voilée
Par l’ordre inflexible des dieux.
Mon empire est la nuit ; mais ma robe étoilée
Resplendit des clartés des cieux !

Polymnie, de même.

Vois-tu, César, vois-tu sortir de terre
Ces temples, ces palais qui naissent à ma voix ?
Vois-tu l’asile obscur, vois-tu l’humble chaumière
Devenir des palais de rois ?

Euterpe, de même.

Je ne suis pas la muse de la gloire ;
Je suis la muse aux doigts dorés.
Je chante, et l’univers conserve la mémoire
Des héros par moi consacrés.

Le chœur des Muses.

Oui, César, il existe un monde si sublime,
Que nous et les dieux seuls pouvons en approcher.
Quand le pied d’un mortel en a touché la cime,
Dans nulle route humaine il ne peut plus marcher.

Auguste., se levant

Arrêtez !…
Les Muses s’arrêtent.
Arrêtez !… Si, du haut des sphères éternelles,
Jupiter vous envoie ainsi,