Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Oh ! venez ! nous mettrons dans l’alcôve soyeuse
Une lampe d’argent.
Venez ! la nuit est triste et la lampe joyeuse !
Blonde ou noire, venez ; nonchalante ou rieuse,
Cœur naïf ou changeant !

Venez ! nous verserons des roses dans ma couche ;
Car les parfums sont doux !
Et la sultane, au soir, se parfume la bouche
Lorsqu’elle va quitter sa robe et sa babouche
Pour son lit de bambous !

Hélas ! de belles nuits le ciel nous est avare
Autant que de beaux jours !
Entendez-vous gémir la harpe de Ferrare,
Et sous des doigts divins palpiter la guitare ?
Venez, ô mes amours !

Mais rien ne reste plus que l’ombre froide et nue,
Où craquent les cloisons.
J’entends des chats hurler, comme un enfant qu’on tue ;
Et la lune en croissant découpe, dans la rue,
Les angles des maisons.


1829.