Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/175

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[Ciuta.

Silence ! vêpres Sonnent ; la grille du jardin vient de s’ouvrir ; ] Marianne sort. — Elle approche lentement.

Ciuta se retire. — Entre Marianne.
Octave.

Belle Marianne, vous dormirez tranquillement. — Le cœur de Cœlio est à une autre, et ce n’est plus sous vos fenêtres qu’il donnera ses sérénades.

Marianne.

Quel dommage et quel grand malheur de n’avoir pu partager un amour comme celui-là ! Voyez comme le hasard me contrarie ! Moi qui allais l’aimer.

Octave.

En vérité !

Marianne.

Oui, sur mon âme, ce soir ou demain matin, dimanche au plus tard[, je lui appartenais]. Qui pourrait ne pas réussir avec un ambassadeur tel que vous ? Il faut croire que sa passion pour moi était quelque chose comme du chinois ou de l’arabe, puisqu’il lui fallait un interprète, et qu’elle ne pouvait s’expliquer toute seule.

Octave.

Raillez, raillez ! nous ne vous craignons plus.

Marianne.

Ou peut-être que cet amour n’était encore qu’un pauvre enfant à la mamelle, et vous, comme une